Nous étions dans la rue jeudi parce que nos fondations craquent de partout.

Notre école publique s’écroule.

L’endroit même où nous préparons nos futurs concitoyennes et concitoyens à la vie en société est gangrené par de nombreux vices de construction.

Et notre gouvernement ne se porte même pas à son secours.

La situation est tellement grave que nos enseignantes et enseignants, principaux artisans professionnels de l’éducation de nos enfants, sortent dans la rue et font ce qui n’a pas été fait depuis plus de 40 ans.

Ils refusent carrément d’enseigner tant qu’ils ne seront pas respectés et tant que le gouvernement n’aura pas redressé correctement la situation.

Nous en sommes là. Le Québec en est rendu là.

Et la situation est tellement grave que nous avons choisi de sortir avec elles et eux.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Une jeune participante à une manifestation, jeudi

Pourtant, les signaux d’alarme et les fissures s’accumulent depuis longtemps.

Nous avons souvent décrit l’enseignement comme le plus beau métier du monde. Pourtant, aujourd’hui, le beau rêve qu’était de transmettre le savoir aux générations futures s’effondre, entraînant avec lui un grand nombre d’enseignantes fraîchement diplômées qui quittent le métier en moins de cinq ans.

L’école devrait être un milieu sécurisant, rassurant pour nos enfants, adolescents et jeunes adultes. Pourtant, les sources de violence et d’insécurité minent le milieu même qui doit leur apprendre à vivre.

La surcharge de travail et la composition des classes font en sorte que depuis trop longtemps, on ne peut plus donner aux jeunes ce qu’ils méritent et ce à quoi elles et ils ont droit.

Et on empire le tout en subventionnant un système parallèle privé qui permet d’exclure des élèves.

Oui, le Québec fait face à de nombreux autres défis qui sont aussi importants. Nous ne le nions pas. Qu’il s’agisse des changements climatiques, de la crise du logement, de l’inflation, de l’itinérance, et d’autres encore…

Nous en sommes conscients.

Ce que nous savons aussi, c’est que nous allons nous créer encore plus de problèmes pendant encore plus longtemps si nous ne redressons pas rapidement la situation dans nos écoles publiques.

La profession de l’enseignement deviendra si peu attractive qu’il sera impossible d’attirer (ou même de garder) les enseignantes que nous méritons.

Nos enfants vont en subir les conséquences et tout le Québec en pâtira pendant des générations.

Pourtant, nos enseignantes et enseignants ne demandent pas la lune. Ce qu’elles et ils veulent, c’est avoir les moyens de bien faire leur travail, de bien préparer les prochaines générations.

Ça ne devrait pas être si exceptionnel.

Aujourd’hui, nous devrions tous reconnaître l’incroyable richesse que nous créons en ayant une éducation publique gratuite, accessible et égalitaire pour tous.

Aujourd’hui, nous devrions tous reconnaître que c’est le premier investissement que nous pouvons et devons faire dans notre futur. Surtout lorsque notre gouvernement s’est fait élire en promettant que l’éducation serait sa plus grande priorité.

Aujourd’hui, tout le Québec doit appuyer notre école publique.

Dans une version précédente de ce texte, la signature pouvait laisser croire que cette lettre était signée par Ève Landry, Élise Gravel, Émile Bilodeau et Ariane Moffatt. Ils appuient l'initiative sans pour autant avoir écrit le texte. Nos excuses.

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