La pandémie de COVID-19 a montré que des efforts concertés peuvent avoir une grande incidence dans le combat contre une maladie. La lutte contre le cancer, cause du quart des décès au pays, bénéficierait d’un tel acharnement, plaide l’auteure.

Pendant la pandémie de COVID-19, la principale préoccupation au pays a été, à juste titre, de contenir le virus. La portée et les conséquences de cette pandémie ont posé des défis sans précédent.

Nous disposons de nouvelles données qui brossent un tableau de la mortalité par COVID-19 au Canada. Dans le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2023 récemment diffusé, les données révèlent qu’en 2020, la COVID-19 est devenue la troisième cause de décès au pays, emportant quelque 16 000 personnes. La COVID-19 représente 5,3 % des décès, derrière les maladies cardiaques, à 17,5 %, et loin derrière le cancer, à 26,4 %.

Or, ce rapport révèle aussi que pendant la lutte contre la COVID-19, une autre crise importante a continué de faucher silencieusement des vies.

Le cancer est resté la première cause de décès au Canada. Selon les projections actualisées tirées du rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2023, 239 100 personnes au Canada recevront un diagnostic de cancer en 2023 et 86 700 succomberont à la maladie. Ces chiffres vont vraisemblablement grimper dans les prochaines années, en raison de l’augmentation et du vieillissement de la population.

Il faudra ajouter l’effet, encore inconnu, de la pandémie sur les futurs diagnostics de cancer. Le confinement et les restrictions sanitaires ont entraîné des retards dans la détection précoce, le dépistage, le diagnostic et le traitement qui pourraient se traduire par des cas de cancer détectés plus tardivement et associés à un pronostic plus sombre. Dans une étude canadienne réalisée par modélisation⁠1, il a été estimé que les perturbations des soins en oncologie au cours de la pandémie pourraient alourdir de plus de 21 000 morts le bilan des décès par cancer au Canada d’ici 10 ans.

Je tiens à être claire : la mortalité par COVID-19 relativement faible par rapport à la mortalité due à d’autres maladies comme le cancer et les maladies cardiaques ne diminue en rien la gravité du virus. Je crois plutôt qu’elle reflète l’efficacité des mesures collectives qui ont vite été prises pour maintenir un taux de décès aussi bas que possible. Aux États-Unis, le taux de mortalité par COVID-19 a été presque trois fois plus élevé qu’au Canada en 2020.

La leçon est évidente : lorsque nous déployons des efforts concertés sur ce que nous considérons être un besoin urgent, nous pouvons combattre efficacement une menace mortelle.

Si nous avons fait preuve d’un tel acharnement pour contrer un virus responsable de 5,3 % des décès, nous devons accorder ce même niveau d’attention et d’urgence au cancer, une maladie qui demeure au sommet des causes de mortalité au Canada, entraînant plus du quart des décès enregistrés dans notre pays.

Imaginons ce que ce serait si le dépistage du cancer était facilement accessible, pour quiconque en a besoin. S’il y avait plus d’argent disponible pour la recherche sur le cancer et que les découvertes se succédaient rapidement. Imaginons un système de soins de santé où tous ont un fournisseur de soins primaires, où personne ne doit attendre pour obtenir les soins vitaux ou préventifs nécessaires et où personne ne doit payer de sa poche les médicaments contre le cancer qui lui sauveraient la vie.

Nous pouvons imaginer un avenir où le cancer ne sera pas aussi mortel. Un avenir où il y aura moins de diagnostics et de meilleurs traitements. Ce que la pandémie de COVID-19 nous a enseigné, c’est que nous sommes capables d’y arriver si nous agissons ensemble et si nous reconnaissons que le cancer est une véritable crise.

1. Lisez une étude d’impact sur la mortalité par cancer au Canada en lien avec la COVID-19 (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue