La décision de Meta de bloquer la diffusion des contenus journalistiques en réaction à l’adoption du projet de loi C-18 à Ottawa a eu un impact important sur les médias au pays, dont les journaux étudiants, qui peinent désormais à atteindre leurs lecteurs.

En juin dernier, le gouvernement Trudeau a adopté le projet de loi C-18 dans le but de contraindre les médias et les plateformes web à la négociation pour un partage de revenus plus équitable. Or, ces géants du web n’ont pas vraiment le cœur au partage et à la discussion. En effet, Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram, bloque complètement le contenu des médias canadiens sur leurs plateformes. Et Google menace maintenant de faire de même.

Dans cette crise qui touche tous les médias canadiens, il y a de grands oubliés : les médias étudiants.

L’impact du blocage est désastreux, car les médias étudiants étaient dépendants des plateformes de Meta. Par exemple, Quartier libre, le journal étudiant de l’Université de Montréal, cumule près de 8000 abonnés sur les plateformes de Meta. Comme ses publications sur Facebook et sur Instagram sont bloquées, c’est un nombre considérable de lecteurs qu’il n’arrive plus à rejoindre.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Quartier libre, le journal étudiant de l’Université de Montréal, cumule près de 8000 abonnés sur les plateformes de Meta.

La plupart des journaux étudiants se retrouvent dans la même position après avoir disparu du fil d’actualité de leurs abonnés.

Les journaux doivent donc se fier à une distribution papier ou à un site web difficile à publiciser. En effet, la publicité se fait par la distribution d’affiches papier, ce qui implique une hausse du budget publicitaire, ou encore par des plateformes web moins populaires auprès des étudiantes et étudiants comme LinkedIn ou TwitterEuh, X (mon erreur, Elon).

Il devient aussi difficile pour certains journaux de recruter des journalistes, des chroniqueurs et des administrateurs, car la promotion des postes est devenue tout aussi difficile à faire.

Les journaux étudiants canadiens sont en danger. Mais pourquoi faudrait-il les sauver ?

Parce que les facultés universitaires sont de petits écosystèmes, à l’image d’un village. La direction représente le gouvernement, les associations étudiantes représentent les élus, les comités représentent différents intérêts et, évidemment, les étudiants représentent la population. Les journaux étudiants sont importants afin d’assurer la santé de la démocratie étudiante, de discuter des décisions en lien avec la formation, l’actualité, etc. La disparition des journaux étudiants empêcherait de discuter de ces enjeux et condamnerait les étudiants à une vie étudiante terne et, surtout, sans échanges riches sur des enjeux importants. Bref, un village où il ne fait plus bon vivre !

Il ne sert à rien d’avoir une voix si on n’a nulle part où discuter. Les journaux étudiants sont pour plusieurs un lieu où il est possible de s’exprimer et d’être écouté. Ces journaux sont essentiels, comme tous les médias, afin d’assurer la liberté d’expression dans notre société.

Il faut aussi considérer que ce ne sont pas tous les chroniqueurs qui commencent leur carrière en écrivant dans La Presse, au même titre qu’un joueur de hockey ne commence pas à jouer dans la LNH. Ainsi, on aime les articles qu’on lit dans les médias d’envergure parce que les personnes qui y écrivent se sont exercées dans d’autres médias, dont les médias étudiants.

Les journaux étudiants ont besoin d’aide. Les étudiants doivent consentir à l’augmentation des cotisations versées aux journaux pour qu’ils puissent s’adapter à la nouvelle réalité. Chaque geste compte. Le gouvernement fédéral a aussi le pouvoir d’aider les médias étudiants et les autres médias en danger, le temps que la crise s’estompe, comme il l’a d’ailleurs déjà fait, en 2019, lorsqu’il a mis en place un programme pour soutenir les médias écrits.

Malgré cette situation difficile, essayons de voir le bon côté des choses. Il s’agit d’une occasion pour la communauté étudiante de faire la démonstration de sa force et de sa maturité en collaborant afin de faire à nouveau rayonner ses journaux.

Quand les temps sont durs, vaut mieux redoubler d’efforts que de laisser tomber !

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