C’est sur la ligne ténue séparant la comédie de la tragédie que se promène allègrement Caroline Dharvernas, alias Bianca, celle par qui le scandale arrive dans Comment survivre à sa mère. Cette comédie de mœurs, qui préfère s’annoncer comme une comédie dramatique, donne à cette jeune beauté le rôle d’une  aventurière du sexe sur Internet.

« Lorsqu’on m’a proposé le rôle, je n’ai pas accepté tout de suite, car dans ce genre de film, tout repose sur le ton, sur le dosage entre drame et comédie. Le côté dramatique peut souffrir de trop d’humour. La mince ligne entre les deux genres représente un défi, certes, mais aussi un piège. Heureusement, Émile (Gaudreault) m’a fourni toutes les explications nécessaires et donné toutes les assurances voulues », déclare Caroline Dhavernas, qui avait trouvé «charmant» le film précédent d’Émile Gaudreault, Mambo Italiano.

Avec son visage angélique, Caroline Dhavernas a dû travailler fort pour incarner Bianca, une fille un peu perverse. Mais cette dualité est dans la nature même du personnage. «Je ne veux condamner personne, mais je trouve tellement plus agréable d’avoir de vrais amis que de collectionner les amants sur le net!» ajoute-t-elle en souriant.

Ce rôle représentait donc un vrai défi, ce qui n’était pas pour déplaire à cette jeune comédienne qui aime se «mettre en état d’insécurité artistique». Elle vient encore de le faire dans une super-production canadienne-anglaise sur la Première Guerre mondiale, Passchendaele, tournée à Calgary, dans laquelle elle incarne une infirmière au front : «Ce fut un tournage dans la boue, puisqu’il s’agissait d’une guerre de tranchées, comme ce fut souvent le cas dans ce conflit de plus en plus oublié. L’expérience fut éprouvante, mais cela n’était pas pour me rebuter : dans les situations difficiles, je vais au front. Je suis une battante.»

Bousculée dans un hold-up

Pour le prouver, elle rappelle un incident survenu lorsqu’elle avait 10 ans : « J’étais dans une banque avec mes parents, au moment d’un hold-up. Un type armé m’a poussée et a sauté par-dessus la vitre de la caissière. Nous avons été obligés de sortir. Mais moi, je voulais y retourner pour voir si la caissière était saine et sauve. »

Caroline Dhavernas n’avait que huit ans lorsqu’elle a commencé à faire de la postsynchronisation avec son père, le comédien Sébastien Dhavernas, le nouveau résident de l’Union des artistes. À 12 ans, elle faisait ses débuts à la télévision dans le téléroman quotidien Marilyn. Depuis ce temps, elle a joué dans bien d’autres téléséries : Zap, Jasmine, Urgence, Le Pollock, puis Tag, où son rôle de Stéphanie la lance définitivement. Aux États-Unis, elle a joué le rôle principal de la série Wonderfalls.

Caroline Dhavernas a déjà tourné une quinzaine de longs-métrage, la plupart en anglais. Elle est d’ailleurs l’interprète québécoise la plus en demande aux États-Unis. Citons Hollywoodland, où elle joue aux côtés d’Adrian Brody et Ben Affleck; The Breach, avec Ryan Philippe; The Tulse Luper Suitcase, où elle est dirigée par le réputé Peter Greenaway.

« Je viens de m’acheter une maison à Montréal, mais je possède aussi un pied-à-terre à New York. Ça coûte cher là-bas, mais c’est nécessaire pour ma carrière américaine. Il faut être présent, toujours prêt à passer des auditions et se mesurer aux gros noms pour obtenir des rôles intéressants. »

Quand on lui demande ce qui compte le plus pour faire son chemin chez nos voisins, Caroline Dhavernas répond : « C’est bête, mais le plus important, c’est de parler l’américain sans accent. Et pour cela, il faut commencer à jouer en anglais très tôt, comme je l’ai fait. De plus, j’ai une bonne oreille. Un Québécois ou une Québécoise qui parlerait avec un accent d’ici verrait ses chances de trouver des rôles réduites à néant : dans les films américains, il n’y a pas beaucoup de personnages québécois! »