Les Parisiens vivent dans la plus belle ville du monde et pourtant ils passent leur temps à «râler», affirme Cédric Klapisch dans Paris, un film choral qui se veut une ode à la capitale.
   
Treize ans après Chacun cherche son chat où il explorait la vie du quartier populaire situé aux alentours de la place de la Bastille, à l'est de la ville, Cédric Klapisch quadrille cette fois tout Paris.
   
Si une pléiade de comédiens français apparaissent au générique de Paris - notamment les étoiles montantes Julie Ferrier et Mélanie Laurent -, il confie à nouveau le rôle principal du film à son acteur fétiche Romain Duris, avec qui il collabore pour la sixième fois - sur neuf longs métrages à son actif.
   
Celui-ci est Pierre, un danseur de music hall gravement malade.
   
Angoissé par l'idée de la mort, cloîtré chez lui dans l'attente d'une opération, il reçoit les visites de sa soeur aînée Elise (Juliette Binoche), et se distrait en observant, par la fenêtre, le spectacle de la rue.
   
Paris prolonge son regard en suivant les allées et venues - et les préoccupations - des uns et des autres, étudiante, boulangère, maraîchers, mannequin, architecte, professeur de faculté...
   
«C'est ça Paris... Personne n'est jamais content, on râle, on aime ça!», lance Pierre de sa fenêtre, une remarque qui sert de fil rouge au film.
   
Car le point commun de tous les inconnus de milieux sociaux différents brassés par le film - souligne le réalisateur tout au long de celui-ci - est qu'ils semblent ignorer leur chance de vivre à Paris.
   
Une ville chargée d'histoire, souligne le professeur incarné par Luchini, mais aussi une ville en mutation constante, en atteste l'architecte joué par Cluzet, occupé à rénover le quartier de la Grande bibliothèque.
   
Une ville opulente, martèle Klapisch en posant comme contrepoint les images du périple entrepris par un immigré clandestin parti du Cameroun pour Paris.
   
Ce dernier demeure toutefois une silhouette qui n'accède pas au statut de personnage, quand d'autres - la boulangère raciste qui découvre les mérites de son employée «beurette», le professeur pris par le démon de midi... - oscillent entre la caricature et le lieu commun.
   
C'est là qu'apparaissent les limites du propos du réalisateur, qui pourra sembler bien-pensant, voire simpliste, dans certaines scènes où il gomme les différences sociales comme par enchantement.
   
Ainsi trois jolies filles, mannequins de leur état, délaissent-elles leur vie de luxe le temps d'une virée aux entrepôts frigorifiques de Rungis, où elles s'extasient devant des maraîchers frustes, avant de s'offrir à eux.
   
Né en 1962, Cédric Klapisch a signé Riens du tout qui dépeignait les employés d'un grand magasin, Le péril jeune puis Chacun cherche son chat, avant de connaître un grand succès public avec Un air de famille en 1996.
   
Amateur de portraits de groupe, il a raconté les relations d'une joyeuse bande d'étudiants dans L'auberge espagnole (2001), auquel il a donné une suite, Les poupées russes, quatre ans plus tard.