Le Festival de cinéma de Rome présente jeudi Huit, film composé de courts métrages inspirés par les objectifs du Millénaire du développement (OMD) fixés par l'ONU pour 2015, une série de messages forts et poignants sur la faim, la pauvreté ou encore le sida.

Jane Campion, Gus Van Sant, Wim Wenders, Mira Nair, Gaspar Noé, Gael Garcìa Bernal, Abderrahmane Sissako, Jan Kounen: chacun des réalisateurs s'est vu confier l'interprétation cinématographique d'un des huit objectifs pris en 2000 par les 189 pays membres des Nations Unies.

Ces États se sont notamment engagés à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim, à combattre le sida, à réduire la mortalité infantile ou encore à promouvoir l'égalité des sexes.

Les producteurs du film ont expliqué avoir obtenu le patronage de l'ONU, jusqu'à ce que l'organisation ne lui demande «brutalement de retirer un des huit films car il constituait une offense à l'islam», a indiqué Lissandra Haulica (LMD Productions) lors de la conférence de presse de présentation.

La maison de production a alors décidé de maintenir ses huit films «selon le principe de «carte blanche» convenu initialement et de retirer le logo de l'ONU», a expliqué son collègue Marc Obéron.

Le court métrage en question est celui de l'Indienne Mira Nair (Caméra d'or et Prix du public à Cannes en 1988), How can it be?, qui montre une jeune musulmane vivant à Brooklyn qui quitte mari et enfant pour devenir la seconde épouse d'un autre homme.

«Une femme à l'ONU a vu mon film et a eu cette réaction. J'ai voulu dialoguer avec elle mais ce n'était pas possible. Ses supérieurs ont par la suite visionné le film et l'ont trouvé absolument inoffensif, mais c'était trop tard, le mal avait été fait», a déclaré Mme Nair en conférence de presse.

Autre thème développé dans Huit, la mortalité infantile, avec un court métrage de l'Américain Gus Van Sant qui placarde des données effrayantes sur des images d'adolescents faisant tranquillement du skateboard dans une banlieue riche.

La néo-zélandaise Jane Campion montre elle une adolescente jouant du violon pour faire tomber la pluie sur une terre australienne desséchée, tandis que Jan Kounen filme une Péruvienne mourant en couches, car son village n'a pas assez d'argent pour qu'un bateau l'emmène en ville.