Le film inspiré de la vie du chanteur André Fortin s'est placé en tête du classement des 10 films les plus populaires de la fin de semaine au Québec. Avec des recettes de 355 895 $ pour 72 écrans, Dédé à travers les brumes déclasse ainsi la superproduction hollywoodienne Watchmen.

«C'est une très belle performance. On est contents, surtout que l'on a seulement quatre représentations au lieu de cinq chaque jour parce que le film dure 2 h 20. Cela augure très bien: la réaction des gens est extraordinaire», estime Yves Dion, le patron de TVA Films, distributeur de Dédé.

Scénarisé et réalisé par Jean-Philippe Duval, Dédé à travers les brumes revient sur l'ascension et la mort de l'emblématique leader du groupe engagé Les Colocs. Originaire du Lac-Saint-Jean, Dédé Fortin a connu le succès quelques années après son arrivée à Montréal.

Autour de l'interprète de Fortin, Sébastien Ricard - membre, aussi, du groupe de rap Loco Locass -, Jean-Philippe Duval met en scène les aspects festifs de la vie du chanteur, tout comme ses aspects plus sombres. Le suicide d'André Fortin, en 2000, avait fortement marqué le Québec.

La reprise, dans le film, des titres emblématiques des Colocs explique en grande partie l'attrait du public pour le film, croit Yves Dion. «Le film est très touchant: c'est musical et malgré la fin du personnage, il demeure, je crois, quelque chose de très joyeux, et cela donne à l'ensemble quelque chose d'agréable à regarder», dit-il.

Il n'y a pas qu'au cinéma qu'André Fortin fait à nouveau des émules puisque la sortie du film a été précédée de celle d'un CD de reprises de chansons lui aussi intitulé Dédé à travers les brumes. Lors de sa première semaine en magasin, le disque s'est classé au deuxième rang des ventes, 2000 exemplaires ayant trouvé preneur.

«Exploitation sans scrupule»?

La promotion faite autour du film n'est pas du goût de tous les proches de Dédé Fortin. L'une de ses anciennes compagnes, Nicole Bélanger, interprétée par Bénédicte Décary dans le film de Duval, a vertement critiqué l'«exploitation» posthume du chanteur dans une lettre publiée hier sur le site de l'hebdomadaire Voir.

Accusant les artisans du film d'avoir rendu Dédé «plus socialement acceptable» et «plus sortable», Bélanger estime que l'on «exploite et récupère sans scrupule tout ce qui peut rapporter pour nourrir d'insatiables monstres avec la complicité tranquille d'un public assoiffé d'émotions».

«C'est un biopic, ça fait toujours réagir, relativise Yves Dion. C'est sûr que l'on doit faire des films en 1 h 30 ou 2 heures pour une période de 18 ans: il y a des choix artistiques à faire.»

Polytechnique et Je me souviens toujours là

Dédé à travers les brumes n'est pas le seul film québécois à figurer dans le classement des 10 films les plus populaires du week-end. Je me souviens, d'André Forcier, cumule, en 10 jours, des recettes de 155 912 $. Polytechnique, de Denis Villeneuve reste le film québécois le plus populaire de ce début d'année avec des recettes cumulatives de 1 518 232 $.

Du côté américain, les recettes de Watchmen ont reculé de 64 %: ses 109 écrans ont rapporté 259 343 $ cette fin de semaine. La primeur Race to Witch Mountain cumule 313 455 $ pour sa première fin de semaine en salle. Deux autres nouveautés ont fait leur entrée dans le classement: The Last House on the Left (avec 192 852 $) et Miss March (74 397 $).

Enfin, le très oscarisé Slumdog Millionaire résiste aux assauts des nouveautés. Treize semaines après sa sortie, il est toujours à la cinquième position du classement des films les plus populaires. Au Québec, ses recettes au guichet approchent les 3 millions.