Un peu plus d'un an après sa mort, un documentaire consacré à Pierre Falardeau est présenté ce soir au Festival du nouveau cinéma. Réalisé par le tandem German Gutierrez/Carmen Garcia, le film nous présente le cinéaste, écrivain et polémiste «tel quel», soutient le coréalisateur.

«Nous avons fait un film sur Pierre au lieu de faire un film avec Pierre. C'est la vie qui en a décidé ainsi», glisse avec une pointe de tendresse German Gutierrez, coréalisateur avec Carmen Garcia d'un film consacré à Pierre Falardeau présenté ce soir dans le cadre du Festival du nouveau cinéma.

Un peu plus d'un an après sa mort, le 25 septembre 2009, revoilà donc le cinéaste, écrivain, homme de paroles, homme d'actions et polémiste dans un long métrage documentaire simplement intitulé Falardeau.

Quelques mois avant son décès, le réalisateur d'Octobre, du Party et du Temps des bouffons avait donné son accord à la mise en marche de ce projet, esquissé autour d'une table où étaient réunies quelques personnes.

«Nous savions qu'il était malade mais pas à ce point-là. J'ai proposé de faire un documentaire sur lui, de revenir sur ses actions dans tous les domaines et, à ma grande surprise, il a dit oui», raconte Gutierrez.

Le projet a été lancé au printemps 2009. Durant quatre mois, il y a eu quelques rencontres avec Pierre Falardeau avant que ce dernier, trop malade, se retire. «Nous avons pu le filmer dans son quotidien, dit Gutierrez. Dix pour cent du film est tiré de ces rencontres.»

Avec la productrice et coréalisatrice Carmen Garcia, Gutierrez défend une cinématographie consacrée aux batailleurs, aux gens qui défendent des idéaux. Leur film précédent, L'affaire Coca-Cola, était un réquisitoire contre l'empire de la bulle brune dans ses agissements contre des chefs syndicaux en Amérique latine et en Turquie. Dans Qui a tiré sur mon frère, ils reviennent sur l'attentat commis contre Oscar Gutierrez, frère de German et militant politique en Colombie.

Falardeau s'inscrit donc dans une continuité. «Ce sont des gens bons, dit le réalisateur à propos de ses sujets. Ils se tiennent debout. Ils vivent pour leurs idées et aiment profondément leur pays.»

Dans le cas de Pierre Falardeau, cet amour allait loin, assure le cinéaste. «Tout le monde aime son pays, mais je crois que Pierre aimait un peu plus le Québec que la moyenne. Il sillonnait la province dans tous les sens trois ou quatre fois par année. Il aimait la forêt. Il aimait les automnes. Il n'a jamais méprisé la langue française et la culture québécoise. Pour lui, la poutine était aussi bonne que le caviar russe.»

Tel quel

Le documentaire abordera-t-il aussi les controverses? Les propos choquants et blessants? Comme l'incontournable «Salut, pourriture», à la mort de Claude Ryan. Le réalisateur répond par l'affirmative.

«Nous n'avons pas voulu nettoyer l'image de Falardeau, dit-il. On l'a pris tel quel. Il était extrêmement cohérent dans sa pensée. Il n'y avait pas de différence, pas de contradiction entre sa vie publique et sa vie privée.»

Sans se définir comme un ami, Gutierrez dit que lui et Falardeau étaient des connaissances depuis 15 ou 20 ans. Il garde du cinéaste le souvenir d'un artiste complet qui se retrouvait sur toutes les tribunes et qui manifestait de toutes les façons.

Sur un plan plus personnel, Gutierrez retient de Falardeau qu'il lui a fait voir le Québec autrement. «Je suis ici depuis 25 ans, dit le cinéaste d'origine colombienne. Pierre m'a fait découvrir un Québec que je ne connaissais pas.»

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Falardeau est présenté ce soir à 19 h 15 au Cinéma Impérial.