Depuis plus de 30 ans, il promène sa dégaine singulière dans les films d'auteur aussi bien que dans les superproductions. Dans la comédie Morning Glory, Jeff Goldblum incarne le patron d'un réseau de télévision.

Une seule réplique lui aura suffi pour se faire remarquer des cinéphiles. Dans le film Annie Hall, de Woody Allen, Jeff Goldblum cherchait son «mantra» au téléphone au beau milieu d'une réception très courue. Personne n'a oublié l'allure de ce grand ténébreux doté d'un humour toujours un peu décalé. De Lawrence Kasdan (The Big Chill) à Steven Spielberg (Jurassic Park), en passant par Philip Kaufman (The Right Stuff), Robert Altman (Beyond Therapy), David Cronenberg (The Fly) et Roland Emmerich (Indepedence Day), des cinéastes de tous les horizons ont mis à profit sa singulière personnalité d'acteur.

Trente-trois ans après Annie Hall, Goldblum est à l'affiche de Morning Glory, comédie dont l'une des vedettes est une dénommée... Diane Keaton!

«C'est drôle que vous mentionniez cela, indique l'acteur au cours d'une interview accordée à La Presse la semaine dernière. J'avais croisé Diane à l'époque. Nous n'avons pratiquement pas de scènes à jouer ensemble dans Morning Glory, mais j'aime l'idée de la retrouver à travers ce film.»

Dans cette comédie réalisée par Roger Michell (Notting Hill), Jeff Goldblum prête ses traits au directeur de la programmation d'un grand réseau de télé dont l'émission du matin végète au plus bas des cotes d'écoute. Même s'il a plus de répliques à donner que dans le célèbre film de Woody Allen où il fut révélé, Goldblum tient quand même ici un rôle secondaire. Or, l'acteur parvient à offrir une vraie composition, même si les scènes où il a l'occasion de se faire valoir sont peu nombreuses.

«Cela tient à la qualité du réalisateur, soutient-il. Un bon cinéaste comme Roger Michell va prendre bien soin de tous les rôles, peu importe leur importance. Quand un acteur obtient ce genre d'attention, il est alors mieux en mesure de faire vraiment exister son personnage, même s'il n'a pas beaucoup de répliques à donner.»

Trouver son compte

Un peu moins présent au cinéma depuis quelques années (bien qu'il fut récemment la vedette d'Adam Resurrected de Paul Schrader), Goldblum a consacré beaucoup de temps au théâtre. Il tient aussi un rôle récurrent dans la série télé Law&Order: Criminal Intent.

«Peu importe la nature du projet, qu'il s'agisse d'une comédie populaire, d'un film d'auteur, d'une pièce de théâtre ou d'une série de télévision, j'y trouve mon compte sur le plan créatif, dit-il. Il y a toujours quelque chose à découvrir. Non seulement par rapport à l'exercice du métier, mais aussi sur soi-même. Tout est lié.»

Après avoir trouvé sa vocation très jeune, lorsque, pendant son enfance à Pittsburgh, sa mère l'emmenait au théâtre, Jeff Goldblum n'a cessé de perfectionner son art.

«Je suis parti vivre à New York à l'âge de 17 ans, mû par l'ambition de trouver du travail comme comédien, explique-t-il. Fort heureusement, je n'ai pas dû galérer longtemps pour obtenir des rôles. Je m'amusais comme un fou. Mais un jour, j'ai pris conscience qu'il fallait que je gagne ma croûte. Cela m'a angoissé!»

Pas carriériste

Il a fait du jeu sa profession, mais ce choix s'inscrit tout de même dans une démarche plus large.

«Je n'ai jamais été carriériste, fait remarquer l'acteur. J'ai toujours vu ce métier comme une discipline de vie, un outil qui m'apprend à grandir en tant qu'être humain. C'est là le travail de toute une existence!»

Un aspect de l'histoire de Morning Glory l'a particulièrement touché. Goldblum incarne en effet l'homme d'expérience retrouvant une partie de ce qu'il fut plus jeune en rencontrant la fougueuse apprentie productrice venue lui solliciter un emploi.

«Ce directeur sent que, malgré toutes ses maladresses, la jeune femme est mûre pour acquérir des expériences qui lui serviront dans tous les aspects de sa vie. Autrement dit, elle est prête à se mettre en contact avec sa propre humanité. Rachel McAdams est une actrice formidable. Ce fut une joie de travailler avec elle.»

Malgré la reconnaissance et la notoriété dont il jouit, Jeff Goldblum affirme ne pas être toujours sûr de son talent.

«J'essaie simplement de ne pas être mauvais!» lance-t-il dans un grand éclat de rire.

Morning Glory (La gloire des ondes en version française) est actuellement à l'affiche. Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.

FILMO SÉLECTIVE DE JEFF GOLDBLUM

Nashville (1975)

Annie Hall (1977)

The Big Chill (1983)

The Fly (1986)

Jurassic Park (1993)

Independence Day (1995)

The Life Aquatic with Steve Zissou (2004)

Man Of the Year (2005)

Morning Glory (2010)

Independence Day 2 (2011)