Un grand moment. C’était un grand moment. On ne peut décrire cela autrement. L’un de ces moments où il fallait être. Ils se trouvaient là, des dizaines de journalistes, de ceux qui ont rencontré Nicole Kidman et Clint Eastwood, Robert Pattinson et Steven Spielberg, les yeux écarquillés, un sourire béat aux lèvres. Des enfants qui rencontreraient le père Noël, le vrai, n’auraient pas fait mieux. Et pour cause: ils étaient en présence de leurs idoles d’enfance, là, en chair et en os (!), Kermit et Miss Piggy, encadrés de trois de leurs fans, Jason Segel, Amy Adams et un certain Walter.

Mais, comme on peut s’y attendre, ces professionnels de l’information, aguerris au rituel de la conférence de presse, ont surtout adressé leurs questions aux deux premiers, les Branjelina du monde Muppet. «Bien sûr que vous le voulez», a laissé tomber la Miss, interrompant la journaliste qui «voulait lui parler» pour faire une déclaration: «Je tiens à offrir publiquement mes excuses à toutes ces femmes qui ont perdu leur mari à cause de moi » Le «moi» étant prononcé en français, langue que la dame maîtrise puisqu’elle a passé la dernière décennie à Paris, comme éditrice d’un grand magazine de mode. Du moins, elle en maîtrise un mot. Moi.

«Bla-bla-bla… Ennuyeux», murmuraient, pendant ce temps, en aparté, Kermit et Walter. Walter ? Il est le plus grand fan des Muppets, avec lesquels il a d’ailleurs un air de famille... même s’il est le frère de Jason Segel – du moins à l’écran, dans The Muppets de James Bobin (l’un des créateurs, auteurs, et réalisateur de l’inclassable série Flight of the Conchords).

Titre simple pour intrigue simple: «Les Muppets ont "disparu" depuis 12 ans. Pourquoi se sont-ils séparés, qu’ont-ils fait et pour quelle raison se regrouperaient-ils? Nous répondons à ces questions, en utilisant ce qu’ils font de mieux: des spectacles et de grands numéros musicaux», explique Jason Segel.

Idoles d’enfance

L’acteur est à l’origine de ce projet auquel il travaille depuis cinq ans, et dont il a coécrit le scénario avec Nicholas Stoller. À la conférence de presse, il rayonnait. «J’ai travaillé avec mes idoles d’enfance», a-t-il dit. Le scénariste a su qu’il avait leurré le Tout-Hollywood quand il a «vendu» l’idée que le grand méchant de l’histoire soit incarné par Chris Cooper: «Le gagnant d’un Oscar qui allait rapper et danser avec les Muppets!», dit-il en riant, encore ébahi « de voir ce truc que j’avais en tête depuis si longtemps être accessible à tous». Regard magnanime de Walter: «C’est vrai que parfois, ces choses dans nos têtes deviennent des tumeurs.»

Walter, donc, qui incarne Walter dans The Muppets. Le frère de Gary (Jason Segel), avec lequel il se rend à Hollywood pour visiter les Muppet Studios. Qui risquent d’être rasés par l’infâme Tex Richman (Chris Cooper), à moins que le trio ne trouve 10 millions dans les prochains jours. Compte à rebours qui met en péril la relation de Gary et Mary (Amy Adams) – puisque ce séjour californien devait être pour eux deux uniquement. «Jason et Walter m’ont envoyé un DVD pour me demander de faire partie du film. Je l’ai regardé, j’ai pleuré et j’ai accepté», indique la comédienne, qui livre ici une performance rappelant son passage enchanteur dans Enchanted et qui fait d’elle une Julie Andrews d’aujourd’hui.

Un scoop de Miss Piggy

Mais attention, il ne faut pas se fier à ses airs innocents: la dame est une pro. Ainsi, quand un journaliste indiscret a posé une question très personnelle à Miss Piggy, elle n’a pas hésité à lui souffler à l’oreille: «Tu n’as pas à répondre à ça, c’est privé.» Mais ce jour-là, la miss était en mode «je veux partager». Elle a même mentionné à deux reprises (attention, scoop !) son désir de devenir mère – à un Kermit qui faisait celui qui ne comprend rien. Partageant plutôt avec les scribes son bonheur d’être enfin bien dans sa peau: «Le vert est maintenant à la mode!», a lancé celui dont le tube It’s Not That Easy Being Green est gravé dans nos mémoires.

Encore une fois, regard compréhensif de Walter. Il faut dire que la jeune star a elle aussi connu des déboires dans sa peau de Muppet: «On m’a déjà pris pour une piñata. En plus, comme c’était juste après Halloween, j’étais pleine de bonbons.» Et des «oooooh» compatissants et désolés de s’élever des rangs des professionnels de l’information.

Un grand moment. C’était un grand moment. On ne peut décrire cela autrement.

The Muppets (Les Muppets) prend l’affiche le 23 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.

La semaine prochaine: nos entrevues avec le réalisateur James Bobin et le scénariste Nicholas Stoller