Meilleur film

Choix : Anatomie d’une chute

Prédiction : Oppenheimer

Entre la Palme d’or (Anatomie d’une chute) et le Grand prix à Cannes (The Zone of Interest), mon cœur balance... Puisqu’il faut choisir, je jette mon dévolu sur le sobre et brillant drame judiciaire de Justine Triet, dont la conclusion en a laissé plus d’un pantois. S’il est un adversaire de taille pour Oppenheimer, certes plus spectaculaire, mais par trop verbeux et truffé de longueurs, c’est tout de même le drame biographique de Christopher Nolan qui a des chances de pulvériser ses concurrents.

Meilleure réalisation

Choix : Jonathan Glazer (The Zone of Interest)

Prédiction : Christopher Nolan (Oppenheimer)

Une fois de plus, j’hésite entre mes deux films préférés. Ayant davantage été éblouie par le scénario d’Anatomie d’une chute, où Justine Triet et Arthur Harari cultivent brillamment l’ambiguïté, que par ses judicieuses idées de mise en scène, j’opte pour The Zone of Interest. L’audacieuse mise en scène de Jonathan Glazer et l’utilisation puissante du hors-champ m’ont totalement renversée. Mais face à Oppenheimer, ce drame se déroulant à côté du camp d’Auschwitz qui me hante encore risque de mordre la poussière.

Meilleure actrice

Choix : Sandra Hüller (Anatomie d’une chute)

Prédiction : Lily Gladstone (Killers of the Flower Moon)

Que partagent les films de Justine Triet et de Jonathan Glazer ? Le talent colossal de Sandra Hüller ! Dans Anatomie d’une chute, elle incarne avec force nuances une romancière allemande accusée du meurtre de son mari qui doit se défendre en français. Elle devra toutefois s’incliner devant Lily Gladstone, dont l’indéniable talent est enfin révélé dans Killers of the Flower Moon. Grâce à son jeu tout en intériorité et son regard plus qu’éloquent, elle pourrait écrire une nouvelle page dans l’histoire des Oscars.

Meilleur acteur

Choix : Cillian Murphy (Oppenheimer)

Prédiction : Cillian Murphy (Oppenheimer)

Un chef d’orchestre fougueux, un militant des droits civiques charismatique, un professeur aussi ronchon qu’attachant, un scientifique tourmenté et un romancier désabusé : à qui la chance ? S’ils sont tous incarnés avec brio par des acteurs dont la réputation n’est plus à faire, c’est le rôle que tient Cillian Murphy dans Oppenheimer qui s’impose. Investi dans son personnage dans chaque fibre de son être, s’étant nourri d’une amande par jour pour lui ressembler, l’acteur irlandais devrait ajouter un premier Oscar à sa collection de prix.

Meilleure actrice dans un rôle de soutien

Choix : Danielle Brooks (The Color Purple)

Prédiction : Da’Vine Joy Randolph (The Holdovers)

Lorsque la truculente Sofia entonne Hell, No ! dans le drame musical The Color Purple, Danielle Brooks semble prêter sa puissante voix à toutes les femmes afrodescendantes refusant de se faire marcher sur les pieds. Malgré l’envie de chanter et de danser ressentie face à Brooks et à ses compagnes, la présence lumineuse et l’autorité naturelle de Da’Vine Joy Randolph, face à l’imposant vétéran Paul Giamatti et au nouveau venu prometteur Dominic Sess dans The Holdovers, lui assurent de remporter la mise.

Meilleur acteur dans un rôle de soutien

Choix : Robert Downey Jr. Oppenheimer

Prédiction : Robert Downey Jr., Oppenheimer

Méconnaissable dans le rôle de l’ennemi juré d’Oppenheimer, Robert Downey Jr. accomplit l’exploit d’éclipser par moments Cillian Murphy. C’est dire à quel point il aurait semé ses redoutables rivaux loin derrière. Et pas juste Ken (Ryan Gosling), qui devra se consoler en poussant la chansonnette dimanche soir, mais même le grand De Niro, comme un poisson dans l’eau chez Scorsese. À sa troisième sélection, dont l’une pour le prix du Meilleur acteur (Chaplin), l’acteur pourrait enfin remporter la statuette dorée convoitée.

Meilleur film international

Choix : The Zone of Interest, Jonathan Glazer

Prédiction : The Zone of Interest, Jonathan Glazer

Aux côtés de l’excellent Christian Friedel, Sandra Hüller (la seule, l’unique !) incarne avec maestria une glaçante reine du foyer dans The Zone of Interest. Malgré la grande qualité des autres films en compétition, celui de Jonathan Glazer, qui raconte le paisible quotidien du commandant du camp d’Auschwitz et de sa famille, sort aisément du lot. À l’instar d’Anatomie d’une chute, The Zone of Interest concourt dans cinq catégories. Les galas étant longs et souvent ronflants, espérons que cela ajoute du piquant à la soirée !

La 96Soirée des Oscars aura lieu le dimanche 10 mars au Dolby Theatre de Los Angeles. Elle sera diffusée en direct à 19 h sur le réseau CTV.