Vous connaissez sans doute la (célèbre) chanson de Luc Plamondon du businessman qui rêve, haut et fort, d'être un artiste. Or, c'est plus rare de rencontrer un comédien totalement à l'aise dans le rôle d'un tenace homme d'affaires.

«Moi, ça ne me fait pas peur, l'argent», lance Samuel Thivierge, en entrevue de promotion pour son deuxième film, Identités, sorti en salle vendredi. «Je suis un artiste, dit-il, mais j'aime bien le côté business du cinéma. Je suis un rassembleur et aussi un entrepreneur. Je veux que ça marche, mes films.»

Le jeune homme de 28 ans porte plusieurs chapeaux: acteur, réalisateur, producteur et... cascadeur, le temps de quelques prises aériennes sur le tournage d'Identités. Il joue parfois au banquier, car Thivierge a emprunté quelques centaines de milliers de dollars à plusieurs institutions pour financer son long métrage. Mais il hésite à nous dévoiler son budget (1,1 million). Parce qu'avec l'aide «inestimable» de sa famille et des partenaires d'affaires de sa région (il vient de Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-Saint-Jean), sa valeur réelle est le triple, selon lui. 

L'argent, pas un tabou

Pour son drame criminel sur la fraude et le vol d'identité, tourné à Montréal et en région, Thivierge s'est inspiré d'une histoire vécue par ses propres parents: ils ont été «manipulés et floués par des escrocs», lors de la vente de la pourvoirie familiale. «Ils ont touché le fond», dit-il, penaud. Le réalisateur dédie d'ailleurs Identités à ses parents.

Après moult tentatives, il a convaincu des interprètes connus ­ - Gilbert Sicotte, Jean-Carl Boucher, Jacynthe René et le Français Samy Naceri (héros des films Taxi) - de jouer dans Identités

«J'ai toujours dit dans mes plans d'affaires que je souhaite avoir un mélange de visages très connus et de nouveaux visages. Tant mieux si le fait d'avoir des comédiens français m'ouvre des portes en France.»

Toutefois, le réalisateur (ou est-ce le producteur?!) ne se contente pas que son film soit apprécié du public québécois. «On va se le dire!», dit-il en étirant la voyelle avec son accent du Lac. «Je veux faire de l'argent. Je veux que mes films marchent et voyagent à l'échelle internationale. Avec des budgets plus modestes, on est capable de faire du cinéma comme Hollywood au Québec. Let's do it ! Moi, j'ai envie de filmer des avions F-18 de l'armée à Bagotville.»

La conquête de l'ouest

À l'entendre faire son pitch de vente sur la terrasse d'un hôtel du Vieux-Montréal, on pourrait croire que Samuel est tombé tout petit dans la marmite hollywoodienne. Eh non! «Adolescent à Saint-Félicien, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire plus tard. Je glandais au cégep. J'avais pris de mauvais plis et je manquais mes cours.»

Par chance, ses deux frères travaillent dans la construction à Whistler et lui demandent d'aller les rejoindre. Nous sommes en 2007, dans le boum de la préparation des Jeux d'hiver de Vancouver. «Je faisais un gros salaire, dit-il. Or, mon grand frère m'encourage à retourner à l'école après une année. Le 28 août 2008, j'ai ma première classe d'acteur au Vancouver Film School. Et je ne parle pas un mot d'anglais ! Ç'a été rough, mais je n'ai pas manqué une seule journée en 18 mois. Depuis Vancouver, je ne regarde plus en arrière, mais toujours en avant.»

Plus jeune, Samuel Thivierge a dévoré au cinéma les films de James Bond, Will Smith et Tom Cruise. Mais son meilleur film reste Taxi, sorti en 1998: «Je me souviens d'avoir appris par coeur toutes les répliques du film, à 12 ans. Et aujourd'hui, je dirige un film mettant en vedette Samy Naceri!»

Pourquoi faire simple, quand on peut faire big!

Identités en chiffres

- 33 jours de tournage

- 250 scènes

- 70 lieux de tournage

- 1,1 million de budget

- 26 écrans au Québec, à compter de vendredi

image fournie par VVS Films

Samy Naceri et Samuel Thivierge dans le film Identités