Au lendemain d’une première qui l’a beaucoup ému, Harrison Ford a confirmé qu’il accrochait définitivement le chapeau et le fouet d’un personnage qu’il a joué cinq fois en 40 ans. Ce départ arrive juste au moment où la manière Indiana Jones semble s’essouffler.

(Cannes) « Il paraît que quand on s’apprête à mourir, on voit sa vie défiler devant soi. Là, je viens de voir la mienne sur grand écran ! », a déclaré, très ému, Harrison Ford après qu’un survol de sa glorieuse carrière a été montré jeudi aux spectateurs lors de la projection officielle d’Indiana Jones and the Dial of Destiny (Indiana Jones et le cadran de la destinée). Quand il s’est présenté vendredi avec les autres membres de l’équipe pour se prêter au jeu de la conférence de presse, l’acteur semblait encore un peu sous le choc de la Palme d’or d’honneur surprise que la direction du Festival lui avait attribuée la veille. Et surtout de l’ovation que le public lui avait réservée.

« Ce que j’ai ressenti est indescriptible, je ne saurais même pas vous dire, a-t-il commenté. La chaleur de l’endroit, le sens de la communauté et l’accueil que j’ai reçu sont inimaginables. Et ça fait du bien. »

Le poids de la vie

Maintenant octogénaire, Harrison Ford a confirmé qu’en ce qui le concerne, l’aventure Indiana Jones, qui a commencé en 1981 sous l’égide de Steven Spielberg avec Raiders of the Lost Ark (Les aventuriers de l’arche perdue), prenait bel et bien fin avec ce cinquième volet cinématographique, réalisé 42 ans plus tard par James Mangold.

« N’est-ce pas évident ? », a-t-il blagué en balayant sa silhouette de la main.

J’ai besoin de m’asseoir et de me reposer un peu. L’idée d’un cinquième film me plaisait parce que je voulais voir le poids de la vie sur le personnage. Je souhaitais qu’il se réinvente et qu’il soit cette fois en relation avec une femme avec qui il ne flirte pas.

Harrison Ford

De son côté, James Mangold, qui a pris le relais de Steven Spielberg, réalisateur des quatre épisodes précédents, a déclaré être parfaitement conscient des grandes attentes que peut susciter un nouvel épisode d’une série de longs métrages aussi populaire.

PHOTO YARA NARDI, REUTERS

Le réalisateur James Mangold, Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge, avec qui il partage la vedette du film

« Faire du cinéma comporte déjà beaucoup de responsabilités, mais quand on accepte de réaliser un film comme celui-là, on sait que les attentes sont décuplées parce que le personnage est si cher au cœur des gens. On est naturellement conscient de faire partie d’une grande franchise, mais à l’arrivée, il faut juste faire le film. »

Absence de magie

Ce qu’affirme James Mangold est juste. Et sa réalisation est très compétente. Il se trouve pourtant que, malgré la réunion des ingrédients ayant fait le succès de la marque Indiana Jones, la magie n’opère pas vraiment cette fois.

PHOTO STEFANO RELLANDINI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mads Mikkelsen et Harrison Ford à la conférence de presse d'ndiana Jones et le cadran de la destinée

On a beaucoup parlé du rajeunissement numérique dont Harrison Ford fait l’objet dans les quelque 20 premières minutes du film et il est vrai que l’effet – dont bénéficie également Mads Mikkelsen – est particulièrement réussi. Le récit commence ainsi en 1944 dans l’Allemagne nazie pour se poursuivre ensuite 25 ans plus tard en Amérique, au Moyen-Orient, en Grèce et en Italie. Le célèbre archéologue est alors appelé à reprendre du service auprès de sa filleule (Phoebe Waller-Bridge), fille d’un chercheur ayant consacré sa vie à l’étude du fameux cadran d’Archimède. Il s’agit d’une relique disparue dont les pièces, une fois rassemblées, auraient le pouvoir de traverser les époques et de refaire l’Histoire.

Il y a beaucoup d’action, certes. Des courses folles à profusion aussi. Et Mads Mikkelsen en nazi. Mais au-delà des éléments contenus dans le scénario, qui cadrent parfaitement dans le mandat de la franchise, un sentiment de redite apparaît rapidement.

Les dialogues – souvent plaqués – ne sont pas non plus à la hauteur des répliques pince-sans-rire livrées comme autant de clins d’œil dans les volets précédents.

Cela dit, Harrison Ford impressionne et tient bien la forme. Lors de la conférence de presse tenue vendredi, l’acteur est resté bouche bée quelques secondes quand une journaliste lui a dit qu’en voyant la scène où Indiana Jones, maintenant plus vieux, se dévoilait torse nu, elle le trouvait toujours « très hot ».

« Écoutez, on m’a béni de ce corps. Mais merci de l’avoir remarqué ! »

Harrison Ford s’est par ailleurs dit satisfait de la technique de rajeunissement numérique.

« Ce n’est pas comme du Photoshop, a-t-il expliqué. Je ressemble vraiment à ce dont j’avais l’air il y a 35 ans. Cela dit, cette technologie ne pourrait être qu’un gadget si elle n’était pas appuyée par l’histoire. Je pense qu’elle a été utilisée intelligemment et je suis fort heureux du résultat. »

Est-ce à dire que cette technologie pourrait éventuellement être empruntée dans de prochains volets, même en l’absence de l’acteur ? Là-dessus, la productrice Kathleen Kennedy a été très claire : « Non. »

En Amérique du Nord, Indiana Jones and the Dial of Destiny (Indiana Jones et le cadran de la destinée) prendra l’affiche le 30 juin.