Le documentaire occupe une place de choix au Festival international du film black de Montréal, qui se déroule jusqu’à dimanche. Coup d’œil sur cinq œuvres.

Lovely Jackson

Pendant 39 ans, Rickey Jackson a été emprisonné dans le couloir de la mort pour un meurtre qu’il n’avait pas commis, sur la base d’un faux témoignage livré par un enfant de 12 ans. Lovely Jackson raconte ce qui a mené à sa condamnation puis à sa libération, en 2014. Rickey Jackson témoigne dans ce documentaire, tout comme le garçon aujourd’hui adulte qui est tardivement revenu sur sa fausse déclaration, faite sous pression. Pour Fabienne Colas, directrice générale du Festival international du film black de Montréal, il s’agit d’une des « pièces de résistance » de l’évènement, notamment parce qu’il montre comment on peut être allié de personnes traitées injustement. Elle se dit aussi impressionnée par la force de caractère de Rickey Jackson qui, bien qu’il ait perdu plus de la moitié de sa vie en prison, refuse de verser dans l’amertume. « Il dit qu’il a perdu tellement de temps que la vie qu’il lui reste, il ne veut pas la passer à être amer », rapporte-t-elle.

Mardi, 19 h, au Cinéma Impérial

Kaepernick and America

Secoué par la mort de plusieurs hommes noirs aux mains de la police, le joueur de football américain Colin Kaepernick a décidé de faire un genou par terre à chaque début de partie au moment de l’hymne national en 2016. Ce n’est pas passé inaperçu. Kaepernick and America revient sur ce geste et ce qui a incité l’athlète à le poser. « Derrière ça, il y avait toute une démarche et aussi une force de caractère chez Colin Kaepernick », souligne Fabienne Colas. L’athlète a payé cher le fait de vouloir attirer l’attention sur les inégalités ethniques aux États-Unis, raconte le film, qui évoque aussi ceux qui l’ont soutenu, comme la société Nike.

Jeudi, 19 h, au cinéma du Musée

A Star Without A Star (Juanita)

« C’est un film sur l’actrice Juanita Moore, réalisé par son petit-fils, précise Joyce Fuerza, directrice de la programmation. Il parle de sa trajectoire à une époque où les actrices noires avaient juste des rôles de domestiques. Juanita a eu des rôles plus importants et a été la cinquième actrice noire à être nommée aux Oscars. » À travers des entrevues — avec Sidney Poitier, notamment —, le documentaire raconte la vie et la carrière de Juanita Moore et se demande pourquoi cette pionnière n’a toujours pas eu droit à son étoile à Hollywood.

Jeudi, 21 h, au cinéma du Musée

Perejil

En 1937, le président dominicain Rafael Trujillo a ordonné le massacre des Haïtiens vivant en République dominicaine. Une horreur connue sous le nom du massacre du Persil, car les soldats dominicains demandaient aux « suspects » de prononcer correctement le mot « perejil » (persil, en français) pour déterminer s’ils auraient ou non la vie sauve. Perejil est un film de fiction basé sur des faits historiques qui ont toujours un écho en République dominicaine, où les Haïtiens subissent encore de la discrimination (exploitation des travailleurs, problèmes de citoyenneté, etc.). « C’est un peu dur à voir, c’est un peu graphique », prévient Joyce Fuerza. En espagnol et en créole haïtien avec sous-titres anglais.

Vendredi, 17 h, au cinéma du Musée

Hommage d’une fille à son père

« Souleymane est un chouchou du festival. On lui a rendu hommage en 2011, c’est le grand Dany Laferrière qui lui a remis son prix, rappelle Fabienne Colas. Il est important, je pense, de garder ce lien avec l’un des pères du cinéma africain contemporain. » A Daughter’s Tribute to her Father : Souleymane Cissé (Hommage d’une fille à son père), réalisé par sa fille Fatou, est un portrait intimiste du cinéaste à travers les yeux de ses proches, de ses collaborateurs et, bien sûr, de sa fille. Le documentaire a été présenté au dernier Festival de Cannes, où Souleymane Cissé a reçu le Prix du jury en 1987 pour son film Yeelen.

Vendredi, 21 h, au cinéma du Musée

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