C'est l'heure de la rentrée. À cinq jours de l'ouverture au public du Mondial de l'auto, la grande famille des constructeurs débarque à Paris dans un état de fébrilité avancée où quelques 90 nouveautés poseront derrière cette vitrine étincelante dans l'espoir de mieux nous faire rêver à demain.
Que les amateurs se rassurent. Le Mondial de l'automobile de Paris, qui ouvrira ses portes le samedi 4 octobre et les fermera 11 jours plus tard, lèvera le voile sur un chapelet de nouveautés. On pourra découvrir -et frôler peut être?- les futures Honda Insight, Chevrolet Volt, Toyota Prius, Volkswagen GTi, sans oublier la somptueuse Ferrari California ou encore la Lamborghini Urus.
Pourtant, cette grande fête de l'automobile, organisée en alternance avec Francfort, cherchera -comme tous les autres salons- à masquer la crise actuelle: le marché fait du surplace et le pétrole est cher. Parions à l'avance qu'on aura connu des grand-messes plus ferventes et des millésimes plus relevés que ce Mondial 2008. Le glamour et la magie trouveront, là aussi, leurs limites et le rutilant va certainement en prendre un coup dans l'aile. Le prix du carburant risque en effet de plomber le rêve et les annonces de licenciements de cette industrie qui déchante ajouteront une couche de désillusion.
Dans ce contexte difficile, la prudence est de mise. Plutôt que de se lancer dans une fuite en avant en élargissant leurs gammes, les constructeurs pensent d'abord à se renouveler sans prendre trop de risques. Une calandre rajeunie, un coup de crayon appliqué au couvercle du coffre, le tour de passe-passe sera parfois simpliste pour se mériter la mention «nouveauté». Mais, de temps en temps, les constructeurs sont plus malicieux.
Les grands groupes disposent de plusieurs marques permettant de créer des voitures patchworks, piochant un châssis par ici, un moteur par là et sculptant quelques tôles pour créer un nouveau modèle. Pourtant, les constructeurs n'ont jamais lancé autant de nouveautés (90 sont attendues) en jouant avec un puzzle de pièces renouvelées. Soucieux de ne pas décevoir les amateurs, les constructeurs recourront à quelques stratagèmes, comme la présentation de voitures concepts dites «réalistes». De vrais-faux prototypes qui, implicitement, préfigurent les nouveautés de l'année à venir. Et ils seront nombreux.
Même si on ne verra les applications de ces voitures futuristes qu'après-demain, ces études conceptuelles raviront les badauds qui pourront les admirer (de loin) à loisir, car aucun vendeur ne viendra les harceler, ces engins ne figurant pas dans les catalogues. Peut-être faudra-t-il voir à dans toutes ces études à peine codées le changement de nature de ce qu'on appelait autrefois un «salon de l'auto». De nos jours, une telle manifestation se compare de moins en moins à une exposition géante et de plus en plus à une sorte de carrefour des tendances automobiles émergentes. Un lieu où l'on dévoile des nouveautés, mais aussi, et sur un même pied, des études de style, des véhicules concepts voire des créations pures, sans lendemain.
Qu'elle est verte ma voiture
Le 110e Mondial de l'automobile réunira plus de 500 marques de plus de 30 pays. Cette manifestation, qui se tient tous les deux ans, à Paris et Francfort en alternance, bat systématiquement son propre record d'affluence. Le dernier en date, en 2006, avait ainsi attiré plus de 1,43 million de visiteurs. Conséquence de la flambée du prix du pétrole, les voitures plus économes (électriques et hybrides) et les énergies parallèles seront à l'honneur cette année. À ce salon où tout le monde n'aura que bioéthanol, flexfuel, pile à combustible et électrique à la bouche, les Insight, Prius et Volt seront élevées au rang de stars. Et avec raison.
L'inquiétude environnementale s'accroît chaque jour. Les constructeurs profiteront naturellement de ce rendez-vous avec le public pour mettre en exergue leur bonnes dispositions environnementales avec des véhicules «propres», avec à la clé la promesse d'allier plaisir et écologie, joie de vivre et environnement sous une même carrosserie... La ficelle est certes un peu grosse. Mais on a le droit de rêver, non?