Alors qu'Audi souhaite négocier des arrangements avec le gouvernement brésilien, BMW se lance. La marque bavaroise a annoncé la semaine dernière son intention de construire une usine d'assemblage à Santa Catarina, au sud du Brésil.

Coût de l'investissement: 200 millions. Les constructeurs JAC Motors (une entreprise chinoise) et Nissan ont également profité de la tenue du salon automobile du Brésil pour rappeler que toutes deux construiront aussi des véhicules sur ce territoire d'ici 2014. Visiblement, la politique du gouvernement porte des fruits. En imposant une taxe de 30% aux constructeurs étrangers qui n'investissent pas dans son pays, le Brésil prend une place sur l'échiquier automobile mondial à la manière des autres pays émergents à croissance rapide, soit la Russie, l'Inde et la Chine.

Le pari du gouvernement brésilien d'imposer pareille taxe apparaît très, voire trop audacieux aux yeux de nombreux constructeurs. Les marques haut de gamme surtout, qui ont peine à voir comment elles tireront leur épingle du jeu dans ce marché composé à 60% de petites voitures économiques.

Le taux de pauvreté recule et le coût des transactions automobiles augmente, reconnaissent les constructeurs rencontrés au salon du Brésil, mais ces changements profitent presque essentiellement aux marques dites populaires. Le marché du haut de gamme demeure à peu à près inexistant. Et personne ne semble avoir idée comment celui-ci se développera à long terme. Si l'on prête foi aux différentes prévisions économiques, le marché brésilien va doubler de taille d'ici deux ans avec des ventes estimées à 4 millions d'unités. Mais déjà, à l'heure actuelle, le Brésil figure parmi les cinq marchés automobiles les plus importants de la planète. Pour bien mesurer son importance, sachez que l'industrie automobile a vendu plus de véhicules dans la ville de Sao Paulo l'année dernière que dans un pays comme l'Argentine.

General Motors, qui réalise au Brésil près de 58% de son chiffre d'affaires sud-américain, jongle toujours avec l'idée d'introduire les produits de sa filiale Cadillac. «Peut-être d'ici cinq ans», a estimé Dan Ankerson, premier directeur de la marque, au cours d'un point de presse au salon de l'auto de Sao Paulo.

La distribution, le nerf de la guerre

Construire des véhicules est une chose, les vendre en est une autre. Et cela pose problème à bien des entreprises. À Sao Paulo, pas de souci. Toutes les marques y sont représentées, y compris Ferrari et Aston Martin. En dehors de la capitale, les enseignes de concessionnaires sont rares, parfois même inexistantes. À Salvador, troisième ville en importance au Brésil, on retrouve sept points de vente Volkswagen, trois de Honda et une de Chery (voiture chinoise). À titre de comparaison, Volvo compte 20 concessions pour tout le Brésil et quatre d'entre elles se trouvent à Sao Paulo. Voilà pourquoi, avant d'ériger une usine, certains constructeurs songent d'abord à élargir leur réseau de ventes.

Photo Reuters

Le marché du haut de gamme demeure à peu à près inexistant. Et personne ne semble avoir idée comment celui-ci se développera à long terme.