Il est facile de s'égarer dans ce labyrinthe immense qu'est devenu le marché de l'automobile. D'un côté, l'industrie ne cesse de multiplier les modèles, tout en démultipliant, de l'autre, ses gammes grâce à l'utilisation de plateformes communes. Ce faisant, les constructeurs explorent ou créent de nouveaux créneaux et combattent ainsi une fatalité: «On ne peut pas plaire à tout le monde.» Mais était-ce vraiment nécessaire?

Depuis quelques années, l'industrie automobile s'est lancée dans une course complètement folle: la diversité. Les gammes se sont étoffées de manière incroyable. Pour s'en convaincre, il suffit de rendre visite à un concessionnaire BMW. Pendant des décennies, la marque bavaroise a vécu avec un éventail limité de produits. Aujourd'hui, elle compte près d'une vingtaine de modèles de base, dont plusieurs se déclinent en plusieurs modèles (V6, V8, V12, diesel, M, etc.). Si mes calculs sont exacts, au cours des 15 dernières années, l'offre du constructeur germanique a doublé. En fait, à quelques exceptions près, nous pourrions presque nommer tous les constructeurs.

 

Ce besoin de se multiplier s'explique. La part de marché des modèles «traditionnels» (berlines, coupés, fourgonnettes, etc.) s'effrite. Cette évolution du marché s'est traduite par une hyper-segmentation; les segments de niche d'alors sont devenus, en quelques années, des segments à part entière (fourgonnettes et utilitaires compacts, camionnettes compactes, etc.) et de nouveaux créneaux font leur apparition (multisegments, coupés cabriolets, véhicules de loisirs). Ces nouvelles catégories ont un taux de croissance à deux chiffres et leur taille peut finir par dépasser celle de segments plus classiques.

 

Évidemment, la notion de catégorie, hier très claire, est plus floue. Fini les «trous» entre les petites et les moyennes, entre les intermédiaires et les «prestiges». Des «intrus» se sont insérés dans ces vides en s'inventant des noms: crossovers (multisegments), near-luxury («luxe accessible?»), etc. Aujourd'hui, le nombre de segments est complètement dingue et je vous mets au défi de classer certains véhicules dans les catégories dites traditionnelles. Méchant casse-tête. Où classerez-vous le Cube le jour où Nissan arrivera avec le Juke? Et le ZDX d'Acura? Un utilitaire ou un coupé quatre portes? Et le Lincoln MKT? Comment, vous avez déjà mal à la tête? Une petite dernière: la future Jetta? Elle promet d'être plus spacieuse qu'une Golf, mais sera vendue moins cher. Devra-t-on la définir en fonction de sa taille ou de son prix?

 

Au bout du compte, cette fragmentation de l'offre a une conséquence de taille pour les constructeurs: celle de réduire le nombre d'unités de chaque modèle. Selon une étude mondiale sur le sujet, les volumes unitaires moyens ont baissé d'environ 20%. On comprend mieux alors l'utilisation exagérée (dans certains cas) d'une plateforme commune. Mais ça, c'est une autre histoire!

 

Photo Nissan

Dans quelle catégorie classeriez-vous le Juke de Nissan?