La levée des soupçons sur les systèmes électroniques de Toyota constitue un soulagement pour le premier constructeur mondial, mais la réputation du groupe nippon demeure à rebâtir à l'étranger après le rappel de millions de véhicules pour divers soucis techniques.

À l'issue d'une enquête de dix mois, le ministère américain des Transports a conclu que les accélérations involontaires constatées sur des Toyota n'étaient pas dues à des défauts électroniques, mais plutôt à des pannes mécaniques de pédales restant bloquées en position basse ou coincées dans des tapis de sol.

«Nous pensons que les véhicules Toyota sont sûrs», a souligné le ministre Ray LaHood, ajoutant avoir conseillé à sa fille d'acheter une fourgonnette Toyota, ce qu'elle a fait.

À l'étranger et notamment aux États-Unis, la réputation du constructeur a été écornée par le rappel de près de neuf millions de véhicules entre septembre 2009 et février 2010 pour des accélérateurs ou des freins défectueux, donnant lieu à une audition tendue du PDG Akio Toyoda à Washington devant des parlementaires vindicatifs et des médias américains surexcités.

Les accusations portées contre ses systèmes électroniques avaient fait très mal au groupe japonais dont les voitures sont truffées de programmes informatiques.

La firme avait toujours réfuté cette thèse, estimant, comme l'a officialisé mardi Washington, que les problèmes étaient d'origine mécanique.

«Cela confirme la fiabilité de nos systèmes électroniques», s'est félicité Toyota qui veut proposer «des véhicules sûrs permettant de rouler l'esprit tranquille».

Ayant ravi en 2008 la place de numéro un mondial à l'américain General Motors, la firme a reconnu avoir grandi trop vite et relâché l'attention portée au consommateur.

Le résultat de l'enquête américaine pourrait l'aider à rebondir, tout en donnant des arguments à ses avocats lors des procès intentés aux États-Unis par des clients et des familles de victimes présumées.

«Il s'agit d'une bonne nouvelle pour le constructeur», estime Ryoichi Saito, expert du marché automobile à la banque Mizuho.

Pour autant, explique-t-il, «Toyota est encore convalescent après la crise des rappels dont l'impact a été gigantesque», sauf au Japon où la marque jouit toujours d'un grand prestige.

«Avant même que la question des systèmes de contrôle électronique n'apparaisse, l'image de Toyota était touchée par les accidents provoqués par le problème de tapis de sol et par la manière dont il avait géré les incidents», rappelle M. Saito.

Le géant nippon reste confronté à des milliers de plaintes liées aux problèmes d'accélération accusés d'avoir provoqué 71 accidents et 89 décès aux États-Unis, bien que des erreurs de conduite soient aussi pointées par les autorités.

«La crise des rappels est loin d'être terminée», prévient Tatsuya Mizuno, analyste à Mizuno Credit Advisory.

Toyota propose désormais à ses clients des réparations gratuites au moindre souci potentiel, même lorsque cela n'affecte pas la sécurité.

Cette politique l'a conduit à rappeler près de huit millions de véhicules supplémentaires depuis mars 2010, contribuant à alimenter les doutes au lieu de les lever.

Maintenant que les finances du groupe sont repassées dans le vert sur fond d'amélioration de la conjoncture économique, certains analystes estiment qu'il devrait mieux faire connaître ses projets à long terme.

«Toyota connaît un grand succès avec les véhicules hybrides (motorisation à essence+électricité), mais il s'agit du fruit de décisions antérieures. Aujourd'hui la firme doit clarifier sa vision stratégique», souligne M. Mizuno.