Augmenter les prix de vente des voitures est inévitable pour répercuter sur le consommateur final la flambée des prix des matières premières, notamment ceux de l'acier, a averti mercredi le PDG du constructeur automobile japonais Nissan, Carlos Ghosn.

«Même avec la meilleure volonté du monde, nous n'avons d'autre choix que de procéder à des hausses de prix», a affirmé M. Ghosn devant 2000 actionnaires réunis en assemblée générale ordinaire à Yokohama, dans la banlieue de Tokyo.

«Il n'y a pas eu de hausse de prix au cours des dix dernières années. Du coup, les constructeurs automobiles ont développé en leur sein toute une génération de dirigeants et de commerciaux qui considèrent qu'augmenter les prix est un péché», a-t-il reconnu.

Mais l'envolée des prix de l'acier «est le défi numéro un auquel doit faire face notre industrie», a ajouté le PDG de Nissan, qui dirige aussi le constructeur français Renault.

«La volonté d'augmenter les prix est là. Nous procéderons marché par marché», a prévenu M. Ghosn, précisant que des hausses de prix avaient déjà eu lieu aux Etats-Unis dans la foulée de celles décidées par son principal concurrent General Motors, et que d'autres étaient en cours en Europe.

Au Japon, Nissan souhaite relever ses prix de 2 à 3% «pour le moment». Mais il ne sera pas en mesure de le faire tant que d'autres constructeurs, dont le numéro un Toyota, n'auront pas pris de décision similaire, a poursuivi M. Ghosn lors d'une conférence de presse organisée à l'issue de l'assemblée générale.

«Tant que le leader n'a pas bougé, c'est très difficile», a-t-il reconnu tout en insistant sur le fait que «tous les constructeurs vont augmenter leurs prix, c'est juste une question de temps».

Selon lui, l'incapacité actuelle des constructeurs à prendre des mesures efficaces pour lutter contre la flambée des matières premières est la principale raison pour laquelle les titres de la plupart des grands groupes du secteur ont chuté en Bourse au cours des derniers mois.

«Beaucoup d'investisseurs sont en train de sortir du secteur automobile. Ils sont inquiets parce qu'ils voient toute cette inflation peser sur les constructeurs, et ils ne voient pas comment ces derniers vont s'en sortir», a expliqué le PDG.

M. Ghosn a par ailleurs averti que Nissan «se prépare au pire» sur le marché américain qui pourrait, selon lui, passer sous la barre des 15 millions de véhicules vendus en 2008 par l'ensemble des constructeurs.

À en juger par les chiffres de mai et de juin, «nous allons être plus près de 14 millions que de 15», a-t-il pronostiqué.

Le PDG de Nissan a en outre confirmé que le groupe entendait devenir le premier constructeur mondial à produire et vendre massivement des voitures électriques à partir de 2010.

«Nous ne développons pas des voitures électriques pour les exhiber devant les médias. Cela va être un produit vendu en masse», a-t-il assuré.

Nissan se distingue par là de ses concurrents Honda et Toyota, qui misent plutôt sur les véhicules hybrides, fonctionnant à la fois à l'essence et à l'électricité. M. Ghosn a expliqué ce choix stratégique par le fait, selon lui, que «très rapidement, le marché va effectuer un virage vers les voitures à zéro émissions» polluantes, en raison des pressions politiques en ce sens.

Les seuls moteurs n'émettant aucun gaz polluant sont les moteurs électriques et ceux fonctionnant à l'aide d'une batterie à combustible. Ces derniers ne sont toutefois pas encore suffisamment au point technologiquement pour qu'une commercialisation de masse soit possible à court terme, a rappelé M. Ghosn.

Il a en outre promis que les voitures électriques que vendra Nissan n'auront rien à voir avec celles actuellement sur le marché qui ont, selon lui, «la réputation d'être laides et difficiles à conduire».