Le CAA-Québec se prononce en faveur de l'inspection obligatoire des véhicules de plus de huit ans, dans un éditorial publié dans le dernier numéro de la revue Touring.

Le CAA soutient qu'il pourrait s'agir d'une avenue à privilégier pour le gouvernement afin de réaliser des gains significatifs à l'égard de la réduction des émissions polluantes produites par le parc automobile québécois. L'organisme appuie ainsi la récente proposition faite à Québec par la Table de concertation sur l'environnement et les véhicules routiers, instance à laquelle il siège.

 

«Exiger des constructeurs automobiles qu'ils fassent davantage afin de réduire la consommation de carburant de leurs véhicules et qu'ils en limitent les impacts environnementaux, c'est bien normal. Mais il est insuffisant de viser le seul secteur des voitures neuves», soutient Paul A. Pelletier, président-directeur général du CAA-Québec.

 

Selon certaines données, 43% des voitures construites il y a 15 ans sont encore en circulation aujourd'hui. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) évalue de son côté que les véhicules plus âgés, qui représentent de 10 à 20% du parc automobile américain, produisent à eux seuls plus de la moitié des polluants émis par les systèmes d'échappement.

 

Selon des données recueillies par la Table de concertation, les véhicules neufs au Canada sont responsables de moins de 1% des émissions de gaz à effet de serre, comparativement à 12,5% pour l'ensemble du parc de véhicules légers. En consultant les statistiques de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), on constate que plus de 37% des véhicules immatriculés au Québec en 2005 avaient huit ans et plus.

 

Mal entretenus, ces véhicules produisent le double d'émissions polluantes dans l'atmosphère qu'un véhicule du même âge entretenu correctement.

 

«Plusieurs études le démontrent: la remise en état du système antipollution, contribue de manière considérable à la réduction de gaz nocifs, tout en améliorant le rendement du véhicule et sa consommation d'essence», soutient Sophie Gagnon, directrice principale, relations publiques et gouvernementales de CAA-Québec.

 

Le projet prôné par la Table de concertation consiste en une inspection mécanique rigoureuse visant à contrôler le taux d'émission de polluants des véhicules de plus de huit ans. La Table recommande que cette inspection obligatoire soit faite au moment où le propriétaire met son véhicule en vente. Seuls les véhicules satisfaisant à des normes précises pourraient être immatriculés au nom du nouveau propriétaire. Cette inspection aurait également comme objectif de permettre aux autorités de délivrer une preuve de conformité de l'état mécanique du véhicule.

 

Selon la SAAQ, plus de 400 000 transactions impliquant des véhicules de huit ans et plus sont effectuées chaque année au Québec. D'autres statistiques démontrent que l'âge moyen des véhicules en circulation dans la province est de plus de sept ans. Une inspection obligatoire permettrait de mettre à niveau un bon nombre de véhicules dont l'état mécanique laisse à désirer.

Haute performance

Par ailleurs, le CAA demande au gouvernement d'inclure dans sa réflexion la problématique liée aux véhicules usagés de 15 ans et plus importés du Japon. De plus en plus présents sur nos routes, ces véhicules de performance peuvent consommer jusqu'à 25 litres d'essence aux 100 km et ne sont généralement pas équipés des systèmes d'injection à commande électronique et antipollution de dernière génération, ou sont modifiés pour être plus performants, au détriment de l'environnement.

Selon Philippe Saint-Pierre, porte-parole du CAA, certains de ces véhicules, par exemple la Nissan 300 ZX de l'année modèle 1991, la Nissan Skyline, la Toyota Soarer, la Honda Civic Sir et la Mazda RX7, sont des véhicules extrêmement performants au niveau de la puissance brute, mais non au chapitre des émissions polluantes et de la consommation d'essence.

«Au moment où on parle d'hybride, de consommation réduite et de programme incitatif, ces modèles de voitures dont la conduite est à droite n'ont pas leur raison d'être», précise M. Saint-Pierre.

Depuis quelques années, ce phénomène d'importation a pris de l'ampleur en Colombie-Britannique. Transports Canada parle même d'une centaine de véhicules par mois qui entrent au Canada. À la fin de 2006, le total de ces véhicules importés âgés de 15 ans et plus provenant d'autres pays était de 73 000.