Ce partenariat de 1,54 milliard US pour 20 millions d'actions émises sur mesure par Magna, ce qui correspond à 18 % du capital de l'entreprise ontarienne, a été confirmé par son président-fondateur, Frank Stronach, devant ses actionnaires réunis en assemblée annuelle, hier à Toronto.

Ce partenariat de 1,54 milliard US pour 20 millions d'actions émises sur mesure par Magna, ce qui correspond à 18 % du capital de l'entreprise ontarienne, a été confirmé par son président-fondateur, Frank Stronach, devant ses actionnaires réunis en assemblée annuelle, hier à Toronto.

Il s'agit du plus gros investissement externe au capital de Magna depuis sa fondation, il y a 50 ans.

Magna fait maintenant 25 milliards US de chiffre d'affaires, avec 83 000 employés et des filiales dans 23 pays.

Pour l'occasion, Frank Stronach, 74 ans, était accompagné de ses principaux adjoints et de sa fille, Belinda, qui revient à la haute direction de Magna après trois ans en politique fédérale.

Curieusement absent de l'assemblée, toutefois, ce prochain actionnaire majeur de Magna : l'industriel russe Oleg Deripaska.

À 39 ans, il est l'un des hommes d'affaires les plus riches de Russie et considéré proche du président Vladimir Poutine.

Mais il est aussi soupçonné par Washington d'avoir trempé dans des affaires illicites, s'est fait rappeler M. Stronach en conférence de presse.

«Ce sont des allégations injustifiées, qui concernent la vie personnelle de M. Deripaska, a-t-il répliqué.

«Tous les gens d'affaires en Europe avec qui nous avons discuté de notre projet d'association, ces derniers mois, n'avaient que de bons mots à son égard. Et notre partenariat s'appuie sur la continuité complète de la culture d'affaires qui a fait le succès de Magna, et qui l'intéresse beaucoup d'ailleurs», a insisté M. Stronach.

Car au-delà de cet apport de capital russe chez Magna, ses dirigeants soutiennent que le plus important pour l'entreprise est une entrée privilégiée dans l'un des marchés automobiles en plus forte croissance au monde.

En effet, Oleg Deripaska dirige un empire industriel, nommé «Basic Element», qui déclare 18 milliards $US de chiffre d'affaires mondial. Il regroupe 240 000 employés dans des filiales en Russie et en Europe, ainsi qu'en Afrique, en Amérique latine et en Australie.

En Russie, l'un de ses principaux secteurs d'activités est la construction d'automobiles, de camions lourds et de véhicules d'excavation.

Ces véhicules sont vendus surtout en Russie, mais avec l'ambition de pénétrer les marchés d'Asie centrale et d'Europe de l'Est.

Pour Magna, qui veut grossir dans de nouveaux marchés après l'Amérique du Nord et l'Europe, la Russie et les pays voisins représentent un alléchant potentiel d'affaires.

«Bien sûr, l'Asie est un marché de croissance en automobile, mais il est déjà pas mal encombré. En comparaison, la Russie est un gros marché émergent mais dont l'industrie est beaucoup moins développée», selon M. Stronach.

Le président de Magna a indiqué avoir eu une telle conversation avec le président Poutine, à Moscou, il y a quelques mois.

«La Russie est riche de ressources exportables, ce qui lui rapporte beaucoup. Mais elle a besoin d'emplois manufacturiers pour grossir sa classe moyenne, et l'industrie automobile peut en créer beaucoup. Peut-être 300 000 d'ici quelques années.»

Cela dit, le nouveau partenariat russe au capital de Magna ne prévoit pas de cibles précises et datées en terme d'investissements industriels en Russie.

«La gestion de Magna continuera comme avant. Nous identifierons et analyserons les occasions d'affaires au fur et à mesure», a indiqué Donald Walter, co-président exécutif de Magna.

Toutefois, il a souligné que l'entreprise a son principal centre d'ingénierie en Europe à seulement deux heures de vol de Moscou.

Chrysler

Quant aux intentions de Magna pour Chrysler, le constructeur américain en péril dont veut se départir le groupe allemand DaimlerChrysler, ses dirigeants ont précisé que son partenariat en Russie constituait un projet distinct. Pour le moment, du moins.

«Nous nous attendons même à ce que notre participation ou non à l'avenir de Chrysler se décide avant que les changements au capital de Magna soient finalisés», a dit M. Stronach.

N'empêche, le président de Magna a confirmé s'être associé au groupe torontois Onex, spécialiste du rachat et du redressement d'entreprise, pour sa proposition envers Chrysler.

Aussi, DaimlerChrysler pourrait demeurer comme partenaire minoritaire dans le prochain actionnariat de Chrysler.

Quant à l'échéancier des négociations avec DaimlerChrysler, dirigées par la firme J.P. Morgan de New York, les dirigeants de Magna ont indiqué qu'il demeurait encore imprécis.

Chose certaine, a insisté M. Stronach, toute participation de Magna au rachat et la relance de Chrysler impliquera des «changements majeurs» à sa culture d'entreprise.

«Comme un patient aux soins intensifs», a-t-il suggéré, tout en disant s'attendre à la collaboration les syndicats de Chrysler.