Sympa et urbaine, la «i» tranche avec la famille Mitsubishi, abonnée aux silhouettes agressives. Même si la prononciation de la neuvième lettre de l'alphabet en japonais fait écho à l'amour (ai), pour Mitsubishi, «i», c'est aussi «individualisme», «innovation», «imagination» et «intelligence».

Présentée au Salon de Tokyo 2005 dans sa forme définitive, la I fait aujourd'hui carrière dans plusieurs pays d'Asie et d'Europe, où elle a remporté de nombreux prix, tantôt pour son design, tantôt pour ses solutions d'avant-garde. La I est la candidate désignée pour recevoir la première motorisation électrique de Mitsubishi. Différentes versions sont à l'essai actuellement, mais le constructeur automobile japonais a déjà fait le pari publiquement qu'un véhicule électrique trouverait sa place dans les salles d'exposition de ses concessionnaires d'ici à 2010-2011.

Plus longue qu'une Smart (+700 mm), mais plus courte qu'une Yaris (-430 mm), la I propose quatre places suffisamment spacieuses pour des adultes normalement constitués. La garde au toit est généreuse et l'importante surface vitrée concourt à rendre la vie à bord agréable. Certes, la banquette arrière manque de moelleux et les sièges avant, de support; mais, dans l'usage citadin auquel ce véhicule est destiné, il n'y a pas lieu de s'en offusquer outre mesure.

Le dessin du tableau de bord est d'une simplicité désarmante. Mais un examen plus attentif, dans la partie inférieure, permet de faire quelques trouvailles, comme par exemple ce minuscule tiroir qui s'ouvre sur une connexion destinée à l'incontournable iPod. L'exercice aurait été plus réussi encore si on avait trouvé le moyen de ménager quelques rangements supplémentaires en fixant, par exemple, des compartiments au plafond. S'il n'y a rien à proprement dit pour ranger vos cartes routières (les manuels du propriétaire et d'entretien sont volumineux), on peut par chance compter sur un système de navigation pour nous guider dans les labyrinthes urbains.

La I se décline en deux carrosseries: à deux ou à quatre portes. On accède au coffre de l'une comme de l'autre par un hayon pratique. La surface de chargement est minimale, mais se révèle plus vaste que celle d'une Yaris. La banquette se fractionne en deux sections afin de faciliter le transport d'objets encombrants ou longs. Seul hic: en cas de panne, il faudra tout décharger puisque le moteur se trouve là, sous le plancher du coffre....

Une citadine qui ne craint -parfois- pas la route

Pour voir le minuscule trois-cylindres de 659 cc suralimenté par turbocompresseur de la I, il suffit d'utiliser une douille de 6 mm et de retirer quatre boulons. Extrêmement compact et léger (72 kg), ce moteur fait 64 chevaux et 69 lb/pi de couple. À titre de comparaison, le moteur atmosphérique d'un litre de la Smart ForTwo fait 70 chevaux et 68 lb/pi de couple.

Il est difficile de comparer les performances des deux puisque notre essai de la Smart, publié il y a quelques mois dans ces pages, avait été réalisé dans des conditions hivernales. En revanche, tout comme la ForTwo, la I n'a rien d'un foudre de guerre et met près de 15 secondes à atteindre les 100 km/h. En revanche, la vivacité de sa mécanique et le temps de réponse de son turbocompresseur lui assurent des démarrages vifs et des reprises tout à fait convenables en ville. Quoique minuscule, son réservoir d'essence de 35 litres lui assure une bonne autonomie puisque la consommation obtenue lors de cet essai a été de 5,8 L/100 km. Cette Mitsubishi pourrait faire mieux encore si elle avait bénéficié d'une transmission encore plus évoluée, mais force est de reconnaître que celle-ci fonctionne admirablement bien, mieux même que celle qui équipe actuellement la Smart.

La I est également offerte avec un trois-cylindres de 1 litre ou un quatre-cylindres de 1,1 litre. Ces deux moteurs sont à aspiration normale (non turbo). D'ici à deux ans, tout au plus, la I sera offerte en version tout électrique (MIEV). Sa commercialisation débutera au Japon l'an prochain, puis au Royaume-Uni, dans le reste de l'Europe et enfin en Amérique. Des prototypes circulent déjà sur les routes californiennes.

Sensible au vent

Dans sa forme actuelle, la I ne craint ni le froid, ni la neige. En effet, un rouage à quatre roues motrices est offert, un précieux avantage chez nous. La motricité sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence ne devrait donc pas poser problème. Mais il reste le vent. Extrêmement menue, la I est en effet très haute (1600 mm) et très étroite (1475 mm), de sorte qu'elle se révèle assez sensible aux vents latéraux. La direction à assistance électrique est d'une légèreté sans nom, ce qui implique de fréquentes corrections de trajectoire. Trop légère pour la route, cette direction se révèle d'une exquise douceur en ville et facilite de beaucoup les manoeuvres. Même s'il est doublé d'un répartiteur électronique, le freinage est adéquat, sans plus. En toute franchise, il faut reconnaître qu'il aurait sans doute été meilleur si les plaquettes avant avaient été changées.

Malgré son empattement court, la I assure à ses occupants un minimum de confort. Elle manque certes de débattement et les irrégularités de la chaussée sont encaissées assez sèchement, mais encore une fois, compte tenu de la nature urbaine de l'auto, il faut se montrer indulgent -on le sera moins lors de longs voyages.

Enfin, il faudra corriger quelques impairs avant la sortie de ce véhicule. Comme par exemple la très faible contenance de son réservoir de lave-glace, sa qualité d'assemblage et l'isolation du couvercle du moteur -si on veut éviter de faire fondre sa crème glacée avant même d'avoir quitté le stationnement du supermarché...

Si ce drôle d'oeuf permet d'envisager le futur de l'automobile avec une certaine sérénité, le plus difficile reste à faire chez Mitsubishi: nous en pondre un électrique.

L'auteur tient à remercier Mathieu Westgate de sa précieuse collaboration à la réalisation de cet essai.