Le salon automobile de Detroit entame dimanche une édition 2008 qui se veut fastueuse, pour s'afficher comme «le» grand show mondial de l'automobile, malgré la santé encore flageolante des constructeurs nationaux et une économie menacée de récession.

Les organisateurs de l'événement ne sont pas avares en chiffres et en détails «glamour» pour présenter le salon, où près de 750 modèles de constructeurs du monde entier, dont 50 nouveaux véhicules, seront exposés.

À partir de dimanche, près de 6.700 journalistes sont attendus dans la capitale américaine de l'automobile, pour trois jours de conférences et de démonstrations. Le salon ouvre ensuite ses portes au public du 19 au 27 janvier, et près de 700.000 visiteurs sont attendus.

Le lancement des festivités est laissé au premier constructeur automobile américain, General Motors (GM), qui organise la traditionnelle soirée de gala, samedi.

GM va y célébrer «les voitures, la musique et la mode». Il a convié l'une des DJ vedettes de la scène hollywoodienne, Samantha Ronson, et une icône du R&B, Mary J. Blige. Deux modèles de GM en lice pour être élues voiture de l'année au salon «se partageront le podium des défilés» avec des créateurs locaux et la marque de prêt-à-porter Guess.

Le salon de Detroit, connu sous le sigle Naias en anglais, se revendique le plus grand rendez-vous de l'industrie automobile, générant 500 millions de dollars d'activité, tourisme et hôtellerie compris, et représentant 13.000 emplois.

«Le Naias est un contributeur majeur de l'économie de Detroit, en raison du temps passé à le préparer et à le clore, de fin octobre à début février», affirme David Sowerby, analyste chez Loomis Sayles.

Quant au salon lui-même, ses organisateurs évoquent les kilomètres de tapis rouge, «qui pourraient recouvrir 750 terrains de football», «les robes de soirées inoubliables, le champagne et les célébrités».

Le gigantisme affiché du salon et son cortège de jolies femmes posant gracieusement aux côtés des berlines pour classes moyennes et devant le capot des bolides de luxe contrastent avec la réalité économique de la région.

Berceau de l'automobile américaine, Detroit a pris de plein fouet la crise qu'ont traversé ces dernières années les constructeurs automobiles américains, en déficit de rentabilité et de créativité face aux constructeurs asiatiques.

À l'atonie de la région - les constructeurs asiatiques implantés aux États-Unis ont choisi d'autres États, aux incitations fiscales plus avantageuses - s'ajoute cette année le coup d'arrêt de la croissance dans l'ensemble du pays. Déclenché par la crise de l'immobilier résidentiel, le ralentissement économique s'est étendu au secteur financier et a commencé à toucher certains secteurs de la consommation, dont l'automobile.

Plusieurs analystes du secteur ont d'ailleurs revu en baisse leurs prévisions de ventes d'automobiles aux États-Unis pour 2008, tablant sur un net ralentissement au premier semestre.

Cette année encore, les constructeurs asiatiques, japonais en tête, vont titiller les constructeurs américains et européens en termes d'innovation et de design, voire faire une percée sur le segment du luxe, comme le coréen Hyundai.

La voiture «verte» s'annonce comme une incontournable, avec en toile de fond l'entrée en vigueur prochaine de nouveaux standards américains (CAFE) visant à réduire la consommation de carburant des véhicules.

La voiture «high tech» devrait aussi avoir la vedette. GM comme Ford ont présenté cette semaine des modèles d'automobile intelligente au salon de l'électronique grand public à Las Vegas.