Le groupe PSA Peugeot Citroën poursuit ses recherches sur la filière hydrogène et l'utilisation de la pile à combustible avec de nouveaux prototypes de voitures électriques, mais une diffusion au grand public est envisagée à l'horizon 2015-2020 seulement.

La pile à combustible «est du long terme», «on se projette à l'horizon 2015-2020», explique le directeur scientifique de PSA, Jean-Pierre Goedgebuer.

Pour l'heure, il subsiste «un certain nombre de verrous technologiques à lever», ajoute-t-il, dont notamment le coût de la pile et l'amélioration de sa durée de vie.

La pile à combustible, qui produit de l'électricité à partir d'une réaction chimique entre hydrogène et air, fait l'objet de nombreuses recherches chez les constructeurs automobiles, qui mettent en avant les «émissions zéro» CO2 de ces véhicules.

Mais leur coût reste extrêmement élevé, avec un prix pouvant atteindre jusqu'à 500 000 euros (750 000$ CAN) pour un prototype, selon Olivier Salvat, directeur scientifique délégué chez PSA, en charge du projet pile à combustible.

La pile seule, qui utilise du platine pour les catalyseurs, revient à plusieurs dizaines de milliers d'euros, et son prix devra être divisé par dix pour envisager une application automobile de série, estime-t-il.

La baisse des coûts reste donc la priorité pour arriver à «un véhicule vendable» au grand public. Il faudra aussi améliorer la durée de fonctionnement de la pile, actuellement de l'ordre de 2000 heures, soit 100 000 km, et qui devra être portée à 5000 heures.

L'équipe de recherche sur la pile à combustible de PSA, basée sur le site de recherche de Carrières-sous-Poissy, près de Paris, mène actuellement des essais sur son sixième prototype, H2O Origin, lancé au printemps dernier et développé à partir d'un utilitaire électrique Peugeot Partner, avec le britannique Intelligent Energy pour la pile.

La batterie est doublée par une pile à combustible, et des bouteilles de stockage d'hydrogène sous pression ont été ajoutées. Le véhicule fonctionne sur pile et sur la batterie qui apporte un surcroît de puissance, et a ainsi triplé son autonomie à 300 km.

Le stockage, dans un réservoir très résistant en carbone, demande encore des améliorations pour arriver dans le véhicule de M. Tout le monde, relève Jean-Pierre Lisse, l'un des chercheurs sur la pile à combustible.

L'équipe prépare désormais une nouvelle étape, avec un démonstrateur baptisé FISYPAC en cours de développement. Basé sur une Peugeot 307 CC, cette voiture entrera en service au premier semestre 2009. La pile permettra de faire 400 km avec 4 kg d'hydrogène embarqué tandis qu'une nouvelle génération de batterie lithium-ion assurera une autonomie de 70 km.

PSA estime qu'à terme, les voitures à pile à combustible viseront deux types de clientèle avec des véhicules de livraison à usage urbain et «des véhicules d'image» liés aux loisirs.

Restera aussi à créer un réseau de distribution d'hydrogène, aujourd'hui encore embryonnaire avec une centaine de stations dans le monde.

Les recherches sur la pile à combustible font aussi avancer celles sur les voitures électriques traditionnelles, fonctionnant sur batterie, qui sont d'un horizon beaucoup plus proche.

Ces véhicules apparaissent comme «réalistes à moyen terme» avec toutefois «une autonomie qui restera limitée», de l'ordre de 150 km, qui les destine à un usage urbain, souligne M. Goedgebuer.

A plus court terme encore, PSA a choisi comme alternative au moteur traditionnel, l'hybridation diesel-électricité avec une commercialisation prévue en 2011. Des prototypes seront présentés par le constructeur au tout prochain Mondial de l'automobile.