Le cyclo-cross est un hybride entre le cyclisme de route, le vélo de montagne et même l'hébertisme. Les épreuves se déroulent uniquement à l'automne et se prolongent même l'hiver sous des latitudes plus clémentes que la nôtre. «C'est fait pour les purs et durs de vélo de montagne et de route qui veulent étirer la saison le plus longtemps possible», explique Bruno Vachon, directeur technique du BMX et du cyclo-cross à la Fédération québécoise des sports cyclistes.

Comme il peut faire froid, pleuvoir ou même neiger, ça prend des gens qui n'ont pas peur de la douleur. «Les conditions sont difficiles, mais ça fait partie du sport», dit Lyne Bessette, ancienne championne canadienne sur route qui a goûté au cyclo-cross une première fois en 2002 grâce à son conjoint Tim Johnson, l'Américain le plus titré de la discipline. «Certaines courses du championnat américain se sont déjà déroulées par -20 degrés; quand il y a de telles conditions, ça ajoute au fait que c'est déjà un sport très exigeant. C'est sûr que ce sont les plus tough qui gagnent.»

Et ça prend un équipement spécifiquement dédié au cyclo-cross. «Les gens pensent à tort que nos montures sont des vélos de route avec des pneus à crampons, fait valoir Bruno Vachon. En fait, il s'agit de vélos au cadre modifié avec un pédalier placé un pouce plus haut qui offre ainsi une meilleure garde au sol. Le centre de gravité s'en trouve toutefois surélevé et ça rend la conduite plus capricieuse.»

En Belgique et dans le nord de la France, où le sport a été inventé, entre 80 000 et 100 000 personnes se déplacent pour assister aux grandes compétitions de la Coupe du Monde et du Championnat mondial, chapeautées par l'Union cycliste internationale. Aux États-Unis, le sport connaît une croissance soutenue depuis une dizaine d'années, notamment sur les campus universitaires. Chez nous, c'est encore marginal, avec environ 150 adeptes qui participent aux compétitions de la FQSC. Mais, partout, la même ambiance, décontractée et déjantée. «C'est assez funky, assure Bruno Vachon. Le parcours passe un peu partout et parfois même dans des 'beer tents' - littéralement des tentes à bière - dans lesquelles on retrouve passablement de gens éméchés!»

La configuration même du tracé favorise le spectacle. «Le parcours s'étend sur seulement 2,5 à 3 km, il est généralement dégagé et il adopte souvent la forme d'un trèfle, si bien que les gens peuvent voir les athlètes en tout temps ou presque, affirme M. Vachon. S'il y a un terrain de volleyball de plage, c'est certain que le tracé va y passer, même chose pour n'importe lequel trou de boue ou escalier qui se trouve à proximité. En fait, on passe n'importe où.»

Comme d'autres sports dits marginaux, le cyclo-cross a développé ses propres codes et sa propre contre-culture. Les adeptes n'hésitent pas à afficher leurs couleurs sur les vêtements et sur leurs voitures.

Tout ça ne veut toutefois pas dire que la discipline est prise à la légère, bien au contraire.

«Pour les cyclistes de route, il s'agit d'un sport très technique, explique Bruno Vachon. Pour les gars de montagne, les parcours sont plutôt faciles mais ils se retrouvent désavantagés dans les sections planes. En bout de ligne, ceux qui dominent sont ceux qui sont le plus en forme.»

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