Les ventes de voitures électriques vont accélérer rapidement dans la prochaine décennie et surpasseront les ventes de voitures conventionnelles en 2037. Mais l’impact positif sur l’environnement tardera à se manifester puisque le parc automobile mondial continue d’augmenter et que 70 % des véhicules rouleront encore aux hydrocarbures 2040.

De plus, certains marchés automobiles en forte croissance comme l’Inde et les pays du Sud-Est asiatique resteront accrochés au pétrole plus longtemps, faute d’infrastructures électriques. 

C’est ce qu’on peut déduire d’une analyse prospective du marché automobile rendue publique par Bloomberg NEF (New Energy Finance), intitulée Electric Vehicle Outlook 2019

Le rapport prévoit que les ventes annuelles de voitures électriques atteindront 10 millions en 2025, 28 millions en 2030 et 56 millions en 2040 (il s'en est vendu 2 millions en 2018).

Mais comme le nombre de véhicules personnels ne cesse d’augmenter, il y aura autant de voitures à moteur à combustion interne en 2040 qu’aujourd’hui (environ 1,2 milliard), si on se fie au tableau qui suit. La plupart des voitures conventionnelles seront à essence.

SOURCE BOOMBERG NEF

Le parc automobile mondial d'ici 2040. «PHEV» veut dire hybrides branchables; «BEV» veut dire tout électriques; «ICE» veut dire moteur à combustion interne.

Le rapport de Bloomberg NEF ne s'attarde pas aux impacts environnementaux de la question.

L'EFFET TRUMP RELÈGUERA LES ÉTATS-UNIS DERRIÈRE L'EUROPE

Dès le tournant de la prochaine décennie, l'Europe se hissera rapidement au dessus des États-Unis en tant que deuxième marché mondial de voitures électriques (derrière la Chine), prédit le rapport, qui cite des normes environnementales de plus en plus sévères et un engagement vert des constructeurs automobiles sur ce continent. Tout le contraire de ce qui se passe aux États-Unis.

PHOTO SAUL LOEB, AFP

Le président Donald Trump le 7 août 2019, à bord d'Air Force One, l'avion présidentiel.

Le rapport n'en parle pas (du moins dans le résumé gratuit rendu public hier), mais rappelons que l'administration Trump veut annuler le resserrement des normes de pollution automobile qui avait été décrété par le président Barack Obama. Il n'y a pas si longtemps, les États-Unis avaient un avantage technologique qui leur auraient permis de devenir les leaders dans le domaine. Malgré le succès du Californien Tesla, les Européens et les Chinois sont en train de les rattraper, si ce n'est déjà fait.

Mais les auteurs du rapport semblent croire que l'effet Trump n'empêchera pas les ventes d'autos électriques d'atteindre environ 60 % du marché aux États-Unis en 2040. Mais la Chine sera presque à 70 % et l'Europe, un peu au dessus de 65 %.

LA CLEF : LE PRIX DES BATTERIES

L'adoption de l'auto électrique est grandement tributaire de son prix. Il y aura des économies d'échelle en production et le rapport de Bloomberg NEF One prédit que le prix des batteries baissera rapidement. Alors que le prix des batteries était de 650 $ US/ kWh en 2013, il a baissé à 176 $ US/kWh cette année et il devrait tomber à 87 $ US/kWh dès 2025 et à 62 $ US/kWh en 2030.

Des usines de batteries se construisent un peu partout et cette nouvelle industrie devrait pouvoir fournir annuellement des batteries de 100 kWh (la meilleure batterie de Tesla en ce moment) à 10 millions de véhicules électriques en 2025.

Pour consulter le résumé gratuit du rapport Electric Vehicle Outlook 2019, cliquez ici.