Mélanie Demers et Angélique Willkie passent aux aveux dans Confession publique, spectacle présenté au Théâtre La Chapelle. Un métissage de formes, de vies et de visions entre deux artistes multidisciplinaires qui se connaissent bien.

Confession publique est un solo auquel Mélanie Demers rêvait depuis longtemps, conçu par et pour elle, mais reporté en raison de la naissance de son fils. Sa dramaturge Angélique Wilkie (La Goddam Voie lactée notamment) lui a permis de renouer avec ce concept de performance-danse-théâtre qu’elle approfondit comme professeure-chercheuse à l’Université Concordia.

« Elle m’a parlé de son travail sur la dramaturgie de l’interprète ou comment un interprète teinte et fait dévier le cours d’une création par sa propre histoire et sa propre culture », explique la chorégraphe.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mélanie Demers, chorégraphe

Il m’a semblé que Confession publique allait de pair avec cette idée de ce qu’on dévoile sur une scène. Quel personnage devient-on ? De quoi se pare-t-on et de quoi se défait-on ?

Mélanie Demers, chorégraphe

« Le dévoilement de soi est un enjeu fascinant, complète Angélique Willkie. Je connaissais la façon de travailler de Mélanie et je savais que la curiosité que j’avais, elle la partagerait. Il s’agissait de voir comment les articuler ensemble. Le spectacle est la rencontre de nos vérités respectives. Cette friction ajoute à l’intérêt et à la densité du propos. »

C’est le spectacle de qui finalement ? leur demande-t-on.

« Je sens que je me mets autant à nu qu’Angélique, répond Mélanie Demers. On retrouve mes obsessions à travers le matériau de sa vie à elle. Je voulais me laisser guider par Angélique et elle par moi. C’est vraiment un travail à deux et même à trois avec la répétitrice Anne-Marie Jourdenais, comme un liant de nos visions. »

« Nous partageons des réflexions que Mélanie met en forme, poursuit Angélique Willkie. Je génère des mots, Mélanie aussi. En tant que dramaturge, ma lecture c’est que Mélanie tente de travailler avec l’interprète que je suis dans mon entièreté. »

En outre, les deux créatrices sont entourées d’une équipe féminine toute étoiles incluant entre autres Frannie Holder à la musique, Odile Gamache à la scénographie et Elen Ewing aux costumes.

Impureté

Mélanie Demers et Angélique Willkie favorisent en fait « l’impureté » du métissage artistique dans les interstices où se rencontrent plusieurs disciplines. Mélanie Demers vise un « art total », misant sur la théâtralité de la danse, l’importance des mots et de la musique. Justement, Angélique Willkie a tout exploré sur scène durant sa carrière : danse, performance, cirque, chant…

« Quand je parle du spectacle, je dis qu’il y a du mouvement, pas forcément de la danse, précise celle-ci. Ça me permet de m’interroger sur ce dont on parle aujourd’hui quand on parle de danse.

On explore les espaces entre les choses et comment les naviguer. Les définitions imposées par la société ne me correspondent pas en tant qu’artiste et femme noire. C’est une partie importante de notre rencontre à Mélanie et moi. Les zones grises sont d’intérêt.

Angélique Willkie, interprète

Dans ce récit personnel, les « aveux » auxquels le public aura droit traitent autant des forces et des faiblesses de chacune, des sentiments nobles et des pensées plus banales. Une telle plongée en soi ramène à la surface autant de sédiments éclatants que de scories.

« Le fait de monter sur scène comporte quelque chose de noble, de profond, mais quelque chose de vulgaire aussi, estime Mélanie Demers. On dirait que je veux tout dans mes spectacles : les beautés de la pensée et l’humour de toilette. La vie c’est ça, une grande élégance et une grande trivialité. Angélique est toujours sur scène et ne peut pas se dérober au regard. Je me demande donc ce qu’est la relation entre une chorégraphe et une interprète. Il y a des parties d’admiration, d’érotisation, d’amour-haine. Ce sont des relations profondes et marécageuses. »

Et Angélique Willkie avoue : « Les trivialités d’une femme de 60 ans ne sont pas les mêmes que j’avais à 30 ans. Cette création est un cadeau d’anniversaire fait à moi-même. Je bosse fort. À la fin de chaque enchaînement, je suis exténuée. Tout passe par le corps, même le fait de parler. La seule façon de traverser c’est de me laisser traverser. »

Confession publique est présentée jusqu’au 4 décembre au Théâtre La Chapelle. Une rencontre avec les artistes aura lieu après la représentation du 2 décembre.

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Aussi à l’affiche

Pomegranate

PHOTO ANGELO BARSETTI, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

La danseuse Heather Mah signera sa première chorégraphie au MAI.

Artiste au long parcours dans le milieu de la danse contemporaine, Heather Mah a travaillé avec de grands chorégraphes québécois et fait plusieurs tournées à l’étranger. Or, à 60 ans, la danseuse n’avait jamais encore signé une chorégraphie de son cru. Dont acte. Pour sa première création, Pomegranate, elle s’entoure d’une équipe de concepteurs de grand talent : Marc Parent (aux lumières), Alexander MacSween (au son), Angelo Barsetti (aux costumes) et Bernar Hébert (à la vidéo). Issue de la diversité, Heather Mah s’est inspirée, pour son solo, de l’histoire de sa grand-mère chinoise. Celle-ci a immigré au Canada au début du XXe siècle, avant de retourner en Chine, durant la guerre sino-japonaise, puis mourir à… 60 ans. À la fois spectacle hommage, devoir de mémoire et voyage introspectif. Au MAI, du 2 au 4 décembre.

Consultez le site du MAI Regardez un extrait du spectacle

Comment épouser un milliardaire

PHOTO HANA BENVENISTE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

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Présenté avec succès au printemps dernier à Montréal, le spectacle-monologue Comment épouser un milliardaire, d’Audrey Vernon, interprété par Michelle Parent, reprendra brièvement l’affiche au Théâtre Aux Écuries (du 2 au 4 décembre). Dans une version scénique revue et actualisée sous la direction de Michelle Parent, Véronique Pascal et Mireille Camier. Le texte s’inspire du classement annuel des milliardaires de la planète de la revue Forbes, pour faire une satire politico-économique du pouvoir des nantis dans le monde. La créatrice fait ce constat de manière à la fois pédagogique et humoristique. À noter, Michelle Parent et sa compagnie Pirata Théâtre présenteront une nouvelle création, 100 Secondes avant minuit, en janvier prochain, toujours Aux Écuries.

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King Dave

PHOTO ANDREJ IVANOV, ARCHIVES LAPRESSE

Patrick Emmanuel Abellard tient le rôle-titre dans King Dave.

Après avoir reçu les éloges du public et de la critique lors de son passage chez Duceppe, la percutante pièce solo King Dave part en tournée, avec, dans le rôle-titre, Patrick Emmanuel Abellard en remplacement d’Anglesh Major. Du 30 novembre au 4 décembre, la pièce s’installe à La Bordée, à Québec, avant de visiter de nombreuses villes de la province, dont Gatineau (les 10 et 11 décembre). King Dave sera aussi en reprise sur la scène de Duceppe du 16 au 19 juin. Pour (re)découvrir ce grand succès imaginé en 2005 par Alexandre Goyette, puis revisité pour coller à la réalité des Afrodescendants.

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Roméo et Juliette

PHOTO TIRÉE D’UNE VIDÉO FOURNIE PAR LE TRIDENT

Laurence Champagne incarne Juliette dans la célèbre pièce de Shakespeare présentée au Trident.

Ambitieuse production que celle présentée au Trident pour clôturer l’année ! En effet, le théâtre de Québec propose la plus grande histoire d’amour qui soit : Roméo et Juliette de William Shakespeare, dans une adaptation de Rébecca Déraspe et une mise en scène de Jean-Philippe Joubert. Pas moins de 17 comédiens se partagent la scène, dont Laurence Champagne et Gabriel Cloutier Tremblay, qui incarnent les célèbres amants. Plantée dans une Vérone fictive, à une époque violente et clivée qui rappelle la nôtre, cette histoire d’amour naîtra au milieu d’un bal costumé, pour se terminer dans les larmes.

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