La voix des oubliés, des marginalisés et des membres de la diversité se fera entendre haut et fort cette saison à l’Espace Libre.

En effet, plusieurs des huit spectacles présentés au théâtre de la rue Fullum donnent la parole à ceux qu’on entend et qu’on voit très peu sur les scènes québécoises : itinérants, Afrodescendants, femmes de la communauté LGBTQ+…

Geoffrey Gaquère, directeur artistique et codirecteur général d’Espace Libre, explique : « Cette programmation est le reflet des grands enjeux de société du moment. D’ailleurs, le dénominateur commun de tous les spectacles est de rendre visible, de rendre audible. La pandémie a révélé certaines inégalités et mis à jour les combats qu’il faut continuer de mener pour la dignité humaine. Or, c’est la fonction du théâtre de raconter le monde. »

Le monde tel que présenté par l’équipe d’Espace Libre en est un où les clivages sont mis en lumière pour mieux s’estomper et où le spectateur est invité à plonger dans la réalité de l’autre.

C’est notamment vrai pour le spectacle déambulatoire Placido-Mo, présenté en partenariat avec l’organisme L’itinéraire, qui s’attarde aux sorts des itinérants du quartier Centre-Sud. « Pendant la pandémie, l’itinérance a beaucoup fait la une des médias et la crise sanitaire a apporté un nouvel éclairage sur cette réalité », dit Geoffrey Gaquère. Trois camelots de L’itinéraire participent d’ailleurs au spectacle présenté du 24 août au 5 septembre.

Suivra, du 7 au 25 septembre, la pièce Qui veut la peau d’Antigone ?, conçue par trois Afrodescendants, Tatiana Zinga Botao, Philippe Racine et Lindz Dantiste. Ces derniers s’approprient le mythe d’Antigone à travers différents textes (Anouilh, Brecht et Sophocle, notamment) pour s’interroger sur les concepts de justice, d’acceptation de soi et d’acceptation des autres. « Un spectacle qui s’inscrit pleinement dans le mouvement créé par la mort de George Floyd. »

Alexis Martin et Daniel Brière, deux fois plutôt qu’une

À compter de la mi-octobre, Alexis Martin, dirigé par son complice Daniel Brière, viendra présenter Les Morts, un monologue de son cru sur la façon de faire apparaître sur scène ceux qui nous ont quittés. Ce spectacle poursuit la trilogie sur la présence scénique, amorcée en 2016 par Animaux, puis Bébés (2019).

Du 14 novembre au 4 décembre, l’univers des drags au féminin sera mis en lumière avec Rock Bière, le documentaire, un cabaret articulé autour ce drag king montréalais, alter ego masculin de Mélanie Noël Rousseau. L’occasion sera belle pour se pencher, avec humour, sur la place des femmes dans la communauté LGBTQ+.

Suivront en 2022 les spectacles Bermudes (dérives), qui nous guideront le long du Saint-Laurent jusqu’à la Côte-Nord, et Une conjuration, portant sur la création d’un manifeste écrit en pleine montée du fascisme par les artistes Georges Bataille et André Masson. Cette dernière pièce réunira sur scène Alexis Martin, Daniel Brière et Évelyne Rompré.

En mars, La blessure (texte et mise en scène de Gabrielle Lessard) portera un regard critique sur la polarisation du débat écologique, tandis que Les Érotisseries aborderont, dans un mélange d’art du cirque et de théâtre, notre rapport à l’érotisme et à la sexualité.

À noter : la pièce Genderf* cker de Pascale Drévillon sera présentée en webdiffusion cet automne. Un court métrage artistique sur l’ancienne caserne de pompiers qui accueille désormais le théâtre est aussi proposé sur le site internet d’Espace Libre.

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