Bernadette de Lourdes, le grand spectacle musical sur le parcours de cette sainte, présenté en première mondiale cette semaine en France sous la direction Serge Denoncourt, sera donné d’ici deux ans à Montréal et à Québec. Joint hier, son producteur Roberto Ciurleo l’a confirmé à La Presse. Tout en louant « le génie et le savoir-faire » des artistes et des concepteurs québécois.

Habitué à prendre des risques pour produire des spectacles à gros budget, comme Robin des bois et Les trois mousquetaires, Roberto Ciurleo n’est pas le genre d’homme à croire aux miracles. « Et pourtant, depuis la première du 1er juillet, il se passe vraiment quelque chose d’extraordinaire avec Bernadette de Lourdes », dit-il en entrevue de Paris.

En plein été, les médias et les critiques parisiens se déplacent pour venir dans une petite ville de pèlerins, au milieu des Pyrénées, pour voir une comédie musicale. Et ils repartent émus de leur expérience.

Roberto Ciurleo

En effet, la presse française est enthousiaste. Le Journal du dimanche lui consacre un long article ce week-end et titre : « Bernadette superstar ». Certains font la comparaison avec Les Misérables, dans la lignée des « comédies musicales grandioses, dignes de Broadway », aux allures de « film hollywoodien ». En général, la mise en scène de Serge Denoncourt et la musique (signée Grégoire) semblent rallier les éloges. Il reste la critique du Monde, un journal qui n’est pas réputé complaisant avec les variétés, laquelle doit sortir ces jours-ci.

L’équipe de production affirme que le spectacle a été conçu « pour plaire aux croyants et non-croyants », bien qu’en cours de création, elle ait eu l’aval de l’église locale. Tant mieux, car Bernadette de Lourdes, une production au budget d’entre 8 et 10 millions d’euros (entre 10 et 15 millions CAN), sera en résidence à l’espace Robert-Hossein (1200 places) à Lourdes, jusqu’en 2023, durant la haute saison touristique, soit d’avril à octobre.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION 

Une scène de Bernadette de Lourdes

Bernadette au Québec

Les producteurs (une demi-douzaine, dont l’influent Gilbert Coullier et l’humoriste Gad Elmaleh) lorgnent aussi l’international, en vendant des « licences » pour monter leur comédie musicale au Portugal, en Italie, en Espagne, en Amérique latine et au Québec, quelque part en 2021 ou en 2022. Le producteur confirme que Serge Denoncourt en sera le maître d’œuvre. Il formera sa distribution « 100 % québécoise ». Il y a 24 interprètes dans la production originale.

« Je sais que vous avez votre propre rapport avec la religion catholique au Québec, mais cette histoire est celle d’une quête, explique Robert Ciurleo. Celle d’une fille de 14 ans qu’on juge illuminée, une Jeanne d’Arc sans armure, qu’on va mener en procès pour désordre public, etc. Or, cette pauvre gamine refuse de revenir sur sa parole, son témoignage [elle aurait vu la Vierge Marie plusieurs fois dans une grotte]. Elle va défier, toute seule, l’autorité — celle de ses parents jusqu’à Napoléon III. Malgré ses épreuves, Bernadette veut tenir sa promesse. »

Le savoir-faire québécois

Derrière ce succès annoncé, on trouve Serge Denoncourt, « la star québécoise des classiques revisités », dixit Le Figaro magazine, ainsi qu’une demi-douzaine de créateurs québécois : le directeur musical Scott Price qui, entre deux shows de Céline Dion, en a fait les arrangements musicaux ; la conceptrice des costumes, Mérédith Caron ; le scénographe Stéphane Roy, aux décors…

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Serge Denoncourt

« Vous pouvez être fiers de vos concepteurs ! », lance Robert Ciurleo, quand on lui demande pourquoi il fait appel à des créateurs du Québec pour ses spectacles produits en France. « Je trouve que dans le domaine du spectacle vivant, à travers la francophonie, les plus grands talents viennent du Québec. »

D’ailleurs, l’ex-patron chez Virgin Radio, désormais producteur à plein temps, a souvent travaillé avec des artistes québécois : René Richard Cyr, Dominic Champagne et Michel Laprise…

En quoi, selon lui, se distingue ce génie artistique québécois ?

« Premièrement, vous êtes bons dans toutes les disciplines de la scène (théâtre, opéra, cirque, variétés). Ensuite, probablement grâce à l’expérience de travail avec le Cirque du Soleil, les Québécois ont développé un langage scénique universel, apprécié des publics du monde entier. Enfin, bien que j’aime la culture française et respecte mes compatriotes, vous avez un savoir-faire très nord-américain ; les Québécois livrent la marchandise dans les échéances. »

Voilà des paroles à méditer, en période de doute, pour se remonter le québécois !