Le Canadien de Montréal a regagné la faveur des téléspectateurs québécois cet automne. Deux indices probants confirment le phénomène : les cotes d’écoute en hausse des matchs du club et l’arrivée quasi simultanée de deux séries nostalgie qui revisitent ses grandes rivalités.

À RDS, les 13 premiers matchs du Tricolore ont rallié une moyenne de 523 000 amateurs, selon les données confirmées de Numéris. Il s’agit d’une augmentation de 21 % par rapport aux 13 premières rencontres du calendrier 2021-2022. Même constat chez TVA Sports. Depuis octobre, les parties du Bleu-Blanc-Rouge rassemblent chaque samedi 545 000 téléspectateurs, en hausse de 17 %.

« On observe vraiment un regain, indique le directeur général de RDS, Charles Perreault. L’an dernier, c’était difficile. Cette année, l’équipe est beaucoup plus excitante, grâce à des joueurs comme [Cole] Caufield et [Nick] Suzuki. »

« On a des chiffres qu’on n’a pas atteints la saison dernière », souligne Louis-Philippe Neveu, directeur général de TVA Sports.

Contre Québec

Les sorties successives des séries documentaires Canadiens Nordiques – La rivalité (à compter de ce mardi sur Vrai) et 25 ans d’émotions : La rivalité Canadiens-Bruins (sur RDS) montrent également à quel point le hockey demeure une valeur sûre pour attirer les masses.

C’était apparent au visionnement de presse particulièrement couru de Canadiens Nordiques – La rivalité, tenu lundi dans une brasserie sportive de Boucherville.

Produite par Fair-Play (Révolution, 100 génies), la série décortique les 15 années d’hostilités entre Montréal et Québec au moyen d’images d’archives (le premier épisode en contient 1250) et d’entrevues avec plusieurs témoins – tantôt actifs, tantôt passifs – de l’action, comme Michel Bergeron, Denis Coderre, Patrice Robitaille, Marc Messier, Ron Fournier, Robert Charlebois, Régis Labeaume et Guy Lafleur (sa dernière entrevue télévisée, enregistrée en août 2021).

Aux dires des producteurs Guy Villeneuve et Marie-Claude Morazain, la série a été « très facile à vendre », et Québecor Contenu n’a pas hésité longtemps avant d’accepter l’ambitieuse proposition de Fair-Play, dotée d’un budget « important » qu’ils refusent toutefois de dévoiler.

Réalisée par Guillaume Fortin (FLQ – La traque, Délateurs) qui, venant de Drummondville, n’avait aucun parti pris pour l’une ou l’autre des équipes, Canadiens Nordiques – La rivalité a exigé deux années de travail, avec l’implication des journalistes Mathias Brunet et Réjean Tremblay, qui agissent comme scénaristes.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mathias Brunet et Réjean Tremblay

Certes, la série regorge de séquences de hockey, mais elle déborde également du sport en s’intéressant notamment aux enjeux politiques de l’époque, de l’avènement des Nordiques au début des années 1970 jusqu’à leur déménagement au Colorado en 1995. Le huitième et dernier épisode aborde le possible retour du club à Québec.

« On voulait une série qui touche monsieur et madame Tout-le-Monde, pas seulement les initiés », souligne Nadège Pouyez, directrice générale stratégie et contenus originaux chez Québecor Contenu.

Contre Boston

RDS cultive également la nostalgie des fans en réexaminant une autre rivalité de Montréal : celle avec Boston.

Diffusé vendredi, le premier épisode de 25 ans d’émotions : La rivalité Canadiens-Bruins a retracé l’histoire des deux équipes, relevant au passage les similitudes entre leurs villes hôtes. Présenté samedi, le deuxième s’est intéressé aux partisans des équipes. Constat : aux yeux des fidèles des Big Bad Bruins, les joueurs du Tricolore n’excellent qu’à « plonger chaque trois secondes », encaisser des coups et pleurer. « Ça leur prend pas grand-chose pour chialer, commente André Charbonneau, un amateur de Boston originaire de l’Outaouais. À chaque fois qu’un gars tombe, c’est tout le temps la fin du monde. »

« Ils sont fiers d’avoir une équipe dure », réplique le comédien Jay Baruchel, qui considère le hockey – et probablement le Canadien – comme sa religion.

Ce deuxième épisode nous a aussi resservi la violente – et tristement célèbre – mise en échec de Zdeno Chara sur Max Pacioretty, qui avait déclenché une enquête policière du Service de police de la Ville de Montréal en mars 2011.

PHOTO FOURNIE PAR BELL MÉDIA

Zdeno Chara

La série continuera samedi avec une heure complète consacrée à l’étrange malédiction qui frappait les Oursons chaque fois qu’ils affrontaient la sainte Flanelle en séries éliminatoires. On parle d’une séquence de 18 revers consécutifs qui n’a pris fin qu’en 1988, après 45 ans. Le week-end suivant, on bouclera cette incursion au cœur des hostilités Canadien-Bruins en étudiant ce qu’il en reste au XXIe siècle.

Intérêt renouvelé

Selon toute vraisemblance, Canadiens Nordiques – La rivalité et 25 ans d’émotions : La rivalité Canadiens-Bruins rejoindront un large auditoire.

D’après Pierre Houde, qui apparaît au générique des deux séries comme intervenant, le public québécois s’intéresse de nouveau à l’équipe de Geoff Molson. La manière dont l’équipe se relève suscite « beaucoup d’intérêt » chez une clientèle « plus jeune » et « plus diversifiée ».

« La saison dernière, quand l’équipe a effectué des changements à la direction générale et derrière le banc, ça a provoqué un virage qu’on a senti tout de suite, déclare le descripteur des matchs du Canadien à RDS depuis 1989. Un fort courant de sympathie s’est installé. Les personnes qui sont arrivées en place inspirent confiance. Les gens veulent les suivre dans leur plan de relance. »

« Les Québécois connaissent très bien le hockey, poursuit-il. Ils ont vu ce qui n’a pas fonctionné pendant 20 ans. Ils sont convaincus que cette fois, le Canadien se redéfinit d’une bonne manière. Il n’y a pas de sentiment d’urgence de victoires. On est plutôt dans un engouement pour Martin St-Louis et ses jeunes. »

La série Canadiens Nordiques – La rivalité débarque sur Vrai mardi. 25 ans d’émotions : La rivalité Canadiens-Bruins est présentée sur RDS, les samedis, à 18 h. (Elle sera diffusée en rafale le 25 décembre, dès 16 h, sur RDS2.)