Aucun pro du skateboard n’a atteint le niveau ni la renommée de Tony Hawk. Pourtant, rien ne le destinait à devenir une légende. Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off, offert sur Crave, revient sur le parcours exceptionnel de l’étoile de la Bones Brigade qui, depuis qu’il est gringalet, s’est obstiné à prouver — et à se prouver – qu’il pouvait être le meilleur.

Personne n’aurait misé sur le fait que Tony Hawk allait un jour devenir un athlète dominant dans un domaine. Enfant, il n’était doué dans aucun sport d’équipe. Il était si maigrichon lorsqu’il s’est mis à la planche à roulettes que, là encore, il ne semblait pas avoir l’étoffe d’un champion et encore moins le sens du spectacle d’un Christian Hosoo.

Or, il avait une chose que d’autres n’avaient pas : une détermination d’acier. Tony Hawk ne débordait pas de confiance en lui, mais n’a jamais reculé devant un défi. « J’étais prêt à me faire mal en cours de route, mais je ne me visualisais pas me faisant mal, expose-t-il dans le documentaire Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off. Je me suis toujours dit : ça va marcher, je vais trouver la solution. »

C’est cette attitude qui fait qu’il a inventé des dizaines de nouveaux trucs et qu’il est devenu, à 31 ans, le premier skateboarder à réussir un « 900 », c’est-à-dire une figure aérienne faite d’une rotation de deux tours et demi. Cet exploit, il l’a réussi en 1999 après s’être entraîné pendant des années et — ce n’est pas un détail — après avoir échoué neuf fois de suite lors d’un même évènement public.

La force de Tony Hawk se trouve précisément là, dit dans le documentaire Stacy Peralta, qui l’a recruté à l’adolescence au sein de la Bones Brigade : chaque fois qu’il tente un nouveau truc, il essaie et réessaie, il est de plus en plus concentré, il resserre sa technique et affine chacun de ses gestes. Jusqu’à triompher.

Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off raconte bien sûr la carrière de l’icône américaine en misant sur ses obstacles et ses victoires. En un peu plus de deux heures, le réalisateur Sam Jones raconte aussi l’émergence du skateboard comme discipline professionnelle, sa culture et ses creux de vague.

Il est particulièrement touchant d’entendre Rodney Mullen parler de ce sport et de ses liens avec Tony Hawk.

Ils ont tous les deux fait partie de la légendaire Bones Brigade, petit groupe au sein duquel se trouvaient aussi, entre autres, Steve Caballero, Lance Mountain et Mike McGill. Sauf que Tony Hawk et lui n’ont jamais été en compétition : Rodney Mullen était un as du freestyle, pas de la rampe. Et l’un et l’autre ont dû s’éloigner des tournois pour garder le plaisir de rouler. Différents mais pareils, résume Stacy Peralta.

Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off n’est toutefois pas qu’un film sur le skateboard. C’est d’abord un documentaire sur un homme qui, pendant une bonne partie de sa vie, a cherché la validation. Il est question de sa relation conflictuelle avec son père, de solitude, des étourdissements de la célébrité, des fêlures intimes d’un champion et des dommages qu’il s’est infligés.

À près de 55 ans (au moment du tournage), Tony Hawk continue à se mettre en danger là où d’autres s’arrêtent.

Il ne compte plus les commotions cérébrales, les fractures, les coupures qu’il a subies. Est-ce sain de continuer à se pousser à bout ainsi ? Beaucoup, à commencer par Stacy Peralta, trouvent que non. D’autres refusent de poser un jugement. Rodney Mullen, le philosophe sensible, comprend. « Un skater, dit-il, exprime son essence. » Alors comment forcer quelqu’un à se renier lui-même ?

Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off n’a peut-être pas la profondeur de ces documentaires qui peuvent toucher au-delà des cercles des convertis. Il offre toutefois une perspective fort intéressante et des scènes saisissantes qui happeront n’importe quel ado ou adulte qui s’est un jour élancé sur une planche à roulettes en rêvant d’arriver à la semelle d’une des idoles de la Bones Brigade.

Tony Hawk : Until the Wheels Fall Off, offert sur Crave