Pascale Nadeau n’a pas été poussée à la retraite, pas plus qu’elle n’a fait l’objet d’un congédiement déguisé. C’est ce qu’a conclu le tribunal d’arbitrage dans l’affaire qui oppose l’ancienne cheffe d’antenne à Radio-Canada.

Le diffuseur public et Pascale Nadeau se livrent une âpre bataille depuis que l’ex-animatrice du Téléjournal week-end a été suspendue, en février 2021, au terme d’une enquête ayant suivi la réception d’une plainte anonyme pour comportements déplacés. La journaliste d’expérience n’est jamais retournée en ondes après cette mesure disciplinaire d’une durée d’un mois. Elle est ensuite tombée en congé d’invalidité.

Dans une décision rendue le 27 janvier dernier et obtenue par La Presse, un arbitre a statué, après avoir examiné la preuve au dossier, que Pascale Nadeau avait choisi de prendre sa retraite de manière volontaire.

La preuve comprenait notamment un courriel de Mme Nadeau, daté du 28 juin 2021, envoyé au service des ressources humaines de Radio-Canada, dans lequel la cheffe d’antenne indiquait qu’elle désirait prendre sa retraite quelques semaines plus tard.

Une correspondance électronique avec Ginette Viens, première directrice du réseau de l’information, a également été produite. Pascale Nadeau y soulignait que, malgré le fait qu’elle n’envisageait pas d’abandonner son poste cette année, et surtout d’une telle manière, après 38 ans de carrière, cette décision lui appartenait. Elle a aussi parlé d’une « enquête insensée » et d’une attaque à son « intégrité ».

Dans un courriel transmis à Ginette Viens le 8 juillet 2021, la cheffe d’antenne a indiqué qu’elle estimait avoir fait l’objet d’un congédiement déguisé, mais aucun grief n’a été déposé dans les 30 jours ayant suivi cette allégation, comme le prévoit la convention collective.

On comprend également, par l’entremise d’un courriel de Luce Julien, directrice générale de l’information, envoyée à Pascale Nadeau le 9 juillet, qu’après sa suspension, la direction du réseau s’attendait à ce qu’elle reprenne ses fonctions.

Dans sa décision, l’arbitre déclare qu’un congédiement, même déguisé, demeure « le fait de l’employeur ».

« [Le congédiement déguisé] ne peut découler des gestes volontaires de l’employé, peut-on lire. Il ne peut non plus être causé par les décisions par ailleurs légitimes de l’employeur, tel que de procéder à une enquête qui lui est imposée par la Loi et ses politiques internes. »

Ainsi, la demande d’amendement du grief du 25 août 2021 du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (CSN) a été rejetée.

Loin d’être terminé

Chez Radio-Canada, on qualifie la décision du tribunal d’arbitrage d’« importante ».

« Pour nous, la décision est claire et parle d’elle-même : ce n’est pas un congédiement déguisé, indique le porte-parole du diffuseur public, Marc Pichette. L’arbitre vient de confirmer qu’il s’agissait d’une décision volontaire de Pascale Nadeau. »

Dans un courriel envoyé à La Presse, le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (CSN), Pierre Tousignant, a simplement indiqué que la décision arbitrale se limitait au refus d’une demande d’amendement pour élargir la portée d’un grief.

« Cependant, les audiences se poursuivent, puisque l’arbitre ne s’est pas encore prononcé sur la nature même de notre contestation, à savoir que la mesure disciplinaire imposée à Mme Nadeau n’était pas justifiée », a noté M. Tousignant dans un courriel.

Ce dossier est effectivement loin d’être réglé. Les audiences se poursuivront le 25 mars. Il sera question de l’enquête dont Pascale Nadeau a fait l’objet. Sa suspension sera également à l’étude.