C’est un retour attendu. Anticipé. Et scruté à la loupe, sous ses moindres coutures (griffées). And Just Like That, nouvelle série mettant en vedette les copines les plus fabuleuses et glam de New York (moins une), débarque en effet sur nos petits écrans dès jeudi. Et les attentes, pour le meilleur, mais aussi pour le pire, sont élevées. Voici pourquoi.

Un retour annoncé (au compte-goutte)

Plus de vingt ans, six saisons, deux films (échecs) plus tard, la nouvelle tombait en janvier dernier : il y aurait effectivement une suite à Sex and the City (SATC), racontant cette fois les hauts et les bas de la vie des légendaires copines, non plus à 30, mais à 50 ans sonnés. Tombaient ensuite, et au compte-goutte, une série de « nouvelles » quant à l’émission à venir : vidéo promotionnelle (et petite musique nostalgique, gratte-ciels iconiques inclus), apparition de nouveaux personnages, aux côtés de Sarah Jessica Parker, Kristin Davis et Cynthia Nixon (dont une personne non binaire, incarnée par Sara Ramirez, en plus de Nicole Ari Parker, Sarita Choudhury et Karen Pittman), et confirmation de la disparition du quatrième mousquetaire, Samantha (Kim Cattrall), laquelle, on le sait, a tiré un trait sur la série (en plus d’être plus ou moins en guerre ouverte avec l’équipe). Sans oublier une première bande-annonce, rendue publique il y a quelques semaines, sur fond de cité grouillante avec la présence touchante de feu Willie Garson, alias Stanford, mort cet automne. Puis une seconde, la semaine dernière à peine.

Tournée dans le plus grand secret

PHOTO GETTY IMAGES

Kristin Davis, Sarah Jessica Parker et Cynthia Nixon lors du tournage de la série

Durant la dernière année, et même si le tournage (quelque part dans un studio de Brooklyn) s’est déroulé dans le plus grand secret, diverses photos ont coulé sur les réseaux sociaux, que ce soit sur les comptes des principales intéressées, de paparazzis (qui ont photographié des extraits du scénario) ou de simples fans. Sur TikTok, un extrait du tournage visionné plus de 150 000 fois a d’ailleurs fait beaucoup jaser : on y voit tous les personnages en deuil. Imaginez l’émoi ! S’agirait-il d’une diversion ?

Voyez la vidéo sur TikTok

Puis, ce mois-ci, l’héroïne de la série (Sarah Jessica Parker) fait la une du chic Vogue, une apparition qui a entraîné son lot de (sales) commentaires, quant à ses rides, ou absence de, sans parler de ses repousses. Depuis, il s’en est dit de toutes les couleurs sur la question.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE VOGUE

La une du numéro de décembre du Vogue

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Retour « bonbon »

IMAGE TIRÉE DE LA BANDE-ANNONCE

Cynthia Nixon dans And Just like that

Il faut bien le dire, ce retour annoncé a un je-ne-sais-quoi de réconfortant. Encore plus vu le climat ambiant, alors qu’on est plongé dans une énième vague face à un énième variant. Diane Pacom, sociologue émérite, aujourd’hui retraitée à Toronto, a revisionné pour nous plusieurs épisodes de la série culte, question de saisir l’engouement du moment. « C’est un vent de naïveté dans ce courant lugubre ! analyse-t-elle avec le recul. Et on a besoin d’un peu de légèreté […], tous les jours on nous fait le décompte des morts ! Les gens ont besoin d’une bouée de sauvetage ! » Même son de cloche du côté de Sandrine Galand, professeure de littérature au cégep Maisonneuve. « Ce sont nos pantoufles », confirme l’autrice de Féminisme pop, publié cet automne. « Elles nous ont accompagnées, on les connaît sous toutes leurs coutures. Il y a un sentiment de télé-bonbon, dont on a grand besoin, d’autant plus depuis la pandémie », fait-elle valoir.

Touche féministe

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Chris Noth et Sarah Jessica Parker dans And Just like That

D’autant que, n’en déplaise à ses détracteurs, au-delà du bling, il y a toujours eu quelque chose de profondément féministe à la série. Cela a été dit et redit, SATC a été l’une des premières émissions à mettre en scène des femmes libres et surtout libérées, qui osaient raconter et vivre leur sexualité de manière décomplexée. Imaginez avec des femmes de plus de 50 ans ! « Non seulement nous allons voir des femmes de 50 ans à l’écran, mais tous les personnages principaux vont être des femmes de plus de 50 ans ! Ce n’est pas quelque chose qui arrive tant que ça encore », poursuit Sandrine Galand. Rappelons que plusieurs recherches le démontrent : passé 50 ans à Hollywood (et partout dans le monde, d’ailleurs), les femmes ont tendance à porter des rôles secondaires, et surtout à ne jamais avoir de sexualité.

Lisez une étude du Geena Davis Institute on Gender in Media sur le sujet

Mais un engouement nuancé

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Mais attention : cet engouement n’est pas total. Ni aveugle. Il est au contraire archi nuancé. Tous les observateurs (observatrices ?) l’ont noté, si les attentes sont certes élevées, le pari est d’autant plus risqué. « Il y a un engouement qui vient avec la relance de quelque chose qui a été très, très, très populaire », souligne à son tour Line Grenier, professeure de communication de l’Université de Montréal, spécialiste de culture populaire et de vieillissement. « Et c’est symptomatique, on n’est pas que dans l’attente positive. Il y a une crainte : est-ce que cela va rester pertinent ? » Les questionnements, conversations et tribulations de ces quinqua, vont-ils toujours nous parler ? On le sait, plusieurs critiques ont été formulées à l’égard de la série originale : l’absence de diversité, la quête dépassée du prince charmant, sans parler du conservatisme de plusieurs personnages (allo, Charlotte ?). Les fans (et les non-fans) attendent aussi ce retour de pied ferme. Et plusieurs questions demeurent en suspens, notamment : comment le personnage de Samantha va-t-il disparaître (une expatriation à Londres, dit-on) ; si les évènements du 11-Septembre ont été à peine suggérés, en sera-t-il de même avec la pandémie ? ; qu’en sera-t-il des nouvelles technologies ? (Carrie animera-t-elle vraiment un balado ?) ; enfin, et surtout, aimera-t-on encore Big (l’a-t-on seulement jamais vraiment aimé ?) ? Les réponses : dès jeudi, sur Crave et HBO Max.

Tous les épisodes de Sex and the City sont disponibles sur Crave et HBO Max.