Sophie Fouron a l’habitude de se faire coiffer. Normal : c’est une animatrice à la télé. Comme les émissions qu’elle a animées ces dernières années (Ports d’attache et Chacun son île, à TV5) ont été tournées aux quatre coins du monde, elle a visité beaucoup, beaucoup de salons de coiffure à l’étranger.

C’est en constatant à quel point les salons de coiffure pouvaient occuper une place centrale dans les différents quartiers, dans les différentes communautés, que Sophie Fouron a eu l’idée d’une autre série. Cette série, Tenir salon, est diffusée à partir de cette semaine sur TV5. Dans chaque émission, l’animatrice nous fait découvrir une communauté culturelle ici même à Montréal, par l’entremise d’un de ses salons de coiffure.

« Ce sont des lieux exceptionnels, les salons de coiffure ! », résume la pétillante Sophie Fouron, que nous avons rencontrée au salon Clermathe International, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, auquel est consacré le tout premier épisode de Tenir salon.

Je ne suis pas quelqu’un qui tripe particulièrement sur la coiffure, ça n’a rien à voir. Mais les salons de coiffure, ce sont des microcosmes, des antichambres aux réalités de communautés culturelles. Ce sont des confessionnaux, ce sont des clubs sociaux, ce sont des refuges.

Sophie Fouron

Ça vaut pour les femmes, bien sûr, mais aussi pour les hommes, qui y vont parfois même s’ils n’ont pas besoin d’une coupe, a pu constater l’animatrice.

La communauté haïtienne

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Clermathe Demesier et Sophie Fouron

Chez Clermathe International, Sophie Fouron nous présente la coiffeuse et femme d’affaires Clermathe Demesier et des femmes d’origine haïtienne qui fréquentent son salon. On y rencontre notamment Grâce Alcine, mère du boxeur Joachim Alcine, et Tatiana Lerebours, jeune ballerine talentueuse. Les femmes parleront de succès, d’ambitions, des attentes des parents dans la communauté haïtienne et de racisme, entre autres.

« Avant, les salons dans ma communauté étaient tout petits, nous confie Clermathe Demesier en coiffant une cliente. Les gens pensaient que c’étaient des personnes avec des problèmes d’apprentissage intellectuel qui pratiquaient le métier. C’était mal vu. Quand je suis rentrée dans le domaine, j’ai décidé que j’allais faire changer cette mentalité. »

Les tournages de Tenir salon ont été interrompus au printemps dernier par la pandémie de COVID-19, mais ils ont repris (l’équipe tourne actuellement les épisodes 7 à 13, qui devraient être diffusés au printemps). Le deuxième épisode est le seul des six premiers à avoir été tourné post-pandémie. On rencontre Cesare Barone, 80 ans, et ses deux beaux-frères, barbiers au salon Fygaro, dans la Petite Italie. La pandémie a précipité la fermeture du salon, contraignant les trois hommes à prendre leur retraite plus tôt qu’ils ne l’auraient espéré. Les trois comparses reviennent au salon le temps d’un tournage, le temps d’un adieu émouvant. Ils parlent de l’histoire de l’immigration italienne à Montréal, d’amour, de camaraderie, de vieillesse.

Un petit cours d’histoire

« Chaque épisode offre un petit cours d’histoire à travers les témoignages d’une, deux, trois familles, résume Sophie Fouron. C’est vraiment le tissu social de notre société, et c’est une énorme richesse. J’ai vraiment envie que les gens poussent la porte de ces salons-là pour qu’ils aillent à la rencontre de leurs voisins. » Tenir salon nous fera découvrir Borey, fils de réfugié cambodgien, et sa bande d’amis ; Carlos, sa clientèle chinoise et sa volonté d’apprendre la langue française ; Kiêt et Anh et les sacrifices de la communauté vietnamienne, ainsi que Barberito et son salon à l’ambiance « caliente ».

Selon Sophie Fouron, visiter ces salons de coiffure est une belle façon de voyager (dans une période où, justement, on ne peut plus voyager !), mais d’abord et avant tout de découvrir nos voisins, au-delà de leurs restaurants et de leurs épiceries.

« C’est un moment que tu t’accordes avec des gens qui viennent d’ailleurs, résume-t-elle. Le but, avec cette émission-là, c’est vraiment d’inciter à se parler. Arrêtons de s’isoler dans nos coins respectifs. Je pense sincèrement que les gens des communautés ont besoin et ont envie de parler. Il suffit de tendre l’oreille et de prendre le temps d’écouter. »

Les six premiers épisodes de la série seront offerts en ligne dès le 10 novembre.

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