Les Québécois ont voté pour leurs personnalités télé préférées, qui seront célébrées au gala Artis le 12 mai. Parmi les 70 sélections, aucune personnalité issue de la diversité.

Rich Ly, candidat de la cuvée 2009 de Star Académie, a publié un statut Facebook à la suite du dévoilement des finalistes. « Bien que prévisible, un constat m'a laissé un goût amer. 70 des 70 nominations sont attribuées à des personnalités caucasiennes », a écrit l'artiste d'origine chinoise.

« Je ne voulais pas piquer une crise, mais juste m'exprimer avec le plus grand souhait d'une sincère ouverture de la part du showbizz québécois », a écrit Rich Ly.

En entrevue avec La Presse, il affirme qu'il comprend très bien que ce n'est pas le gala Artis, diffusé à TVA, qui est responsable de ce manque de diversité dans les sélections. C'est le public qui a choisi. Mais si peu de rôles principaux et d'emplois d'animateurs sont offerts à des personnes issues de la diversité, il y a peu de chances que l'on en retrouve en lice pour un prix.

La présidente de l'Union des artistes (UDA), Sophie Prégent, comprend sa frustration : « Les gens votent pour leurs personnalités préférées. C'est sûr qu'il faudrait que de grands rôles soient offerts à des personnes issues de la diversité, si nous voulons en voir parmi les nommés », dit celle qui est d'ailleurs finaliste dans la catégorie du rôle féminin, séries dramatiques saisonnières.

« J'ai la diversité à coeur. Depuis que j'ai commencé mon mandat [à l'UDA], nous en avons fait, du chemin. Il faut continuer. Et on va finir par y arriver. »

Lors des quatre galas Artis précédents, il y a quand même eu au moins une personnalité issue de la diversité parmi les nommés : Adib Alkhalidey (2017 et 2018), Mehdi Bousaidan (2017), Normand Brathwaite (2016), Mariana Mazza (2016) et Sugar Sammy (2015 et 2016).

Un «nous» blanc et francophone

À l'organisme Diversité artistique Montréal (DAM), Jérôme Pruneau constate que le milieu de la télévision prend plus de temps que d'autres à faire un changement.

« Nous restons dans cette identité fantasmée où le "nous" québécois est blanc et francophone », explique le directeur général.

« Selon moi, le danger est que cette identité soit figée. Parce qu'une identité, c'est toujours en mouvement. Mais là, on la considère comme fixe, comme quand on veut protéger des traditions. Mais même les traditions bougent. Et ça, nous avons du mal à accepter que cette identité québécoise bouge », dit Jérôme Pruneau.

Des présentateurs de la diversité au gala?

C'est la firme de sondage Léger qui établit la liste des nommés au gala Artis, après avoir sondé 8000 personnes.

« À la moitié des répondants, on pose les questions de manière totalement ouverte. Par exemple, qui est votre personnalité préférée dans une émission de variétés ? Les gens nous répondent sans [se voir soumettre de] choix de réponse », explique Christian Bourque, vice-président chez Léger.

La firme demande ensuite à l'autre moitié des répondants quelle est leur personnalité favorite parmi les cinq qui ont obtenu le plus grand nombre de voix dans chaque catégorie, explique M. Bourque. Léger procède à cette collecte de données à deux reprises chaque année, à l'automne et à l'hiver.

Rich Ly espère que des personnalités issues de la diversité seront invitées sur la scène du gala Artis cette année, même si elles ne sont pas en lice. Parmi celles qui ont tiré leur épingle du jeu cette année, on peut penser à Isabelle Racicot (Je suis chef), Pierre-Yves Lord (Deux hommes en or) et Mélissa Bédard (M'entends-tu ?).

Le chanteur cite en exemple la soirée des Oscars, il y a quelques années, alors que de nombreuses personnes avaient critiqué le peu de diversité parmi les nommés : « La production a vraiment pris en considération les critiques. L'année suivante, pour chaque présentation, il y avait une personne de couleur. Sur le coup, je trouvais que c'était trop forcé. Mais finalement, je crois qu'il faut forcer les choses pour que ça devienne normal », dit l'artiste.

Consultez le site du gala Artis.