Dominique Michel profitait déjà du soleil de la Floride, au début décembre, lorsque nous l'avons jointe à son condo situé dans l'État ensoleillé. L'enregistrement du sketch dans lequel elle apparaît dans le Bye bye 2018 était déjà en boîte. « Le tournage a été très agréable », dit-elle de sa voix douce.

Quand on pense au Bye bye, un nom émerge tout de suite, celui de Dominique Michel.

Avec 17 éditions et des centaines de personnages au compteur, la comédienne chouchou des Québécois est l'impératrice de cette institution.

Après avoir lancé à plusieurs reprises « ceci est mon dernier Bye bye », Dominique Michel a cessé d'y participer en 1996 (elle a présenté les sketches de celui de 1997 et a fait une apparition dans celui de 2003). Ce fut donc toute une surprise d'apprendre qu'on la retrouvera brièvement dans l'émission du 31 décembre prochain.

« La gang est formidable. Ils sont bons », se contente-t-elle de dévoiler, en respectant ainsi l'omerta qui règne historiquement sur le Bye bye.

Le premier Bye bye dans lequel Dominique Michel est apparue a été celui de 1971. Elle partageait le plateau avec Denise Filiatrault et les membres des Cyniques (Serge Grenier, Marcel St-Germain, André Dubois et Marc Laurendeau).

« Mais tout cela a commencé avec les gens du Beu qui rit et d'Au p'tit café, raconte-t-elle. Je faisais rire les gars [Yves Thériault, Normand Hudon] dans le bureau. Ils m'ont demandé si je pouvais reprendre ces personnages. J'ai accepté. »

Après quelques revues de fin d'année (voir la chronologie), il a été décidé que cette émission, qui prenait doucement des airs de grande tradition, conserverait le même nom. « C'est Gérald Tassé, qui était le mari de Nathalie Naubert, qui a proposé qu'on appelle ça Bye bye », se souvient-elle.

Les 17 Bye bye auxquels Dominique Michel a participé ont été entrecoupés de plusieurs pauses. « J'ai pris des moments d'arrêt, car, certaines années, j'étais fatiguée. Je travaillais beaucoup et le Bye bye demande énormément d'énergie. J'avais une maison à Saint-Barthélemy et je préférais aller m'y reposer. »

Quand elle repense à tous les Bye bye qu'elle a faits, elle n'en revient pas du travail et du talent investis. « C'est beaucoup d'ouvrage pour 90 minutes de télé. J'ai encore réalisé ça quand je suis allée sur le plateau récemment. Les garçons et les filles travaillent très fort. Ils ont tout mon respect. »

On l'a souvent répété, Dominique Michel a toujours eu un flair infaillible pour détecter l'efficacité d'un gag.

« Il ne faut pas tenter de ressembler à la perfection à la personne qu'on imite. Ça demeure une caricature. Je ne ressemblais pas à Michel Chartrand. Mais c'était lui quand même. » - Dominique Michel

L'humoriste et comédienne a eu l'occasion d'incarner des dizaines et des dizaines de vedettes et de politiciens au cours de sa carrière. Ces gens étaient parfois des amis. Elle ne se souvient pas que ses imitations l'aient mises en froid avec quelqu'un. « Ça ne m'est jamais arrivé », dit-elle. Elle a aimé relever des défis, comme celui d'ajouter une couche à ses personnages. « Il faut chercher le rire partout où il se trouve. Par exemple, l'année où j'ai fait Michael Jackson, si je n'avais fait que lui, ç'aurait été ordinaire. Mais comme j'imitais René Lévesque qui danse comme Michael Jackson, c'est devenu drôle. »

Dominique Michel a connu les deux formules du Bye bye, celle en différé et l'autre en direct. « Le direct est très difficile, dit-elle sans hésiter. On ne peut plus rien rattraper. Les gens me demandaient comment on faisait dans les loges. Les loges ? Il n'y en avait pas. Je courais toute nue jusqu'au prochain costume. Quand des techniciens affirment qu'ils m'ont vue toute nue, c'est vrai ! »

Parmi tout ce qu'elle a accompli (télévision, cinéma, chanson, cabaret, etc.), Dominique Michel place très haut l'expérience des Bye bye. « J'aime rire avec les gens. Et on a beaucoup ri avec les équipes du Bye bye. Il faut bien s'entendre. C'est ça, le secret. »

À 86 ans aujourd'hui, Dominique Michel compte profiter des prochains mois en Floride pour se reposer et se remettre du malaise qu'elle a eu en septembre dernier.

« J'ai failli y passer, admet-elle. J'ai subi une opération et on m'a installé un stimulateur cardiaque. Mon médecin m'a dit qu'il a posé un modèle Lamborghini. Ça devrait aller ! »



photo fournie par Radio-Canada

Dominique Michel en gymnaste dans un sketch du Bye bye

Cinq personnages mémorables de Dodo

Michel Chartrand (1973)

Plusieurs fois imité par Dominique Michel, le coloré syndicaliste est débarqué dans le party du Bye bye pour la première fois en 1973. « On va chanter une p'tite chanson à répondre. Vous allez répéter après moé. Vous êtes habitués de répéter après moé. »

Comme Nadia Comaneci (1976)

Une fillette forcée par sa mère (Denise Filiatrault) de suivre des cours de gymnastique à la suite de l'immense popularité de Nadia Comaneci pique une crise devant un entraîneur (Benoît Marleau) abasourdi.

Diane Dufresne (1976)

Quelle idée géniale de réunir les deux chanteuses de l'heure en 1976 : Diane Dufresne, interprétée par Dominique Michel, et Véronique Sanson (Denise Filiatrault) dans un combat de trémolos.

Sandra Dorion (1986)

Dominique Michel reprend dans ce numéro le grand succès du groupe Nuance, Vivre dans la nuit, pour dire qu'il ne faut pas toucher à la loi 101. Et elle le fait en massacrant la langue française.

Michèle Richard (1990)

Un grand classique où Michèle Richard (Dominique Michel) participe à l'émission Détecteur de mensonges en compagnie de Dominique Michel, incarnée par Patrice L'Écuyer, et René Simard, interprété par Yves Jacques. Quant à Patrice L'Écuyer, il est joué par René Simard.