Pour ou contre Duck Dynasty? La polémique faisait rage vendredi aux États-Unis sur le maintien ou non à la télévision de la vedette d'une émission de téléréalité très populaire, évincé après des propos homophobes.

Vendredi matin, plus de 85 000 personnes avaient signé une pétition demandant à la chaîne du câble A&E Networks de «faire revenir Phil Robertson», au nom de la liberté de parole et de religion.

L'homme de 67 ans, longue barbe grise, bandana autour de la tête, tenue de camouflage et arme au poing, est le patriarche d'une famille qui fabrique des appeaux de canards (Duck en anglais) à West Monroe en Louisiane.

Il est aussi la vedette de l'émission de téléréalité la plus populaire du câble américain, Duck Dynasty, qui a rassemblé le nombre record de 11,8 millions de téléspectateurs pour le début de sa quatrième saison en août.

On y voit le patriarche et sa tribu chasser, exprimer ses convictions religieuses de chrétien «born-again» (converti) ou son patriotisme, avec le franc-parler d'un natif du bayou.

Le scandale a éclaté en milieu de semaine après la parution d'un article dans l'édition de janvier du magazine GQ.

Appels au boycott

L'homme y déclare dans une interview que l'homosexualité est un «péché», tout en s'en remettant «au Tout-Puissant pour juger».

Il y dit aussi que «les adultères, les idolâtres, les hommes prostitués, les délinquants homosexuels, les avares et les ivrognes n'héritent pas du royaume de Dieu».

Les associations homosexuelles sont aussitôt montées au créneau, enclenchant une polémique qui depuis enflamme l'opinion.

Human Rights Campaign, a dénoncé des propos «incroyablement blessants», suivie par des associations de droits de l'homme.

Jeudi, la participation de la vedette a été «suspendue indéfiniment» par la chaîne. Les propos de Phil Robertson «ne reflètent absolument pas ceux de la chaîne, qui a toujours été un ardent soutien de la communauté homosexuelle», a précisé un communiqué.

M. Robertson lui-même a fait savoir qu'il «ne voulait pas manquer de respect à quiconque n'a pas la même opinion que moi. Nous avons tous été créés par le Tout-Puissant et comme Lui, j'aime toute l'humanité».

La famille a de son côté laissé planer le doute, au grand désespoir des fans, sur la poursuite de l'émission, qu'elle «n'imagine pas sans notre patriarche à la barre».

La politique est aussi entrée dans l'arène.

La célèbre Sarah Palin, qui était candidate à la vice-présidence des États-Unis en 2008 aux côtés du républicain John McCain, est venue à la rescousse de la vedette en affirmant que ces «intolérants qui s'en prennent au patriarche pour avoir exprimé son opinion, s'en prennent à nous tous».

Le gouverneur républicain de Louisiane Bobby Jindal a fait savoir que les Robertson étaient «des citoyens formidables», tout en affirmant «son désaccord avec les propos tenus». Le sénateur républicain du Texas Ted Cruz, lui aussi éventuel futur candidat à la Maison-Blanche, en a appelé à la «liberté de parole» et à «la liberté religieuse».

Le groupe religieux Faith and Freedom Coalition a quant à lui appelé ses 800 000 membres à boycotter la chaîne, détenue en partie par Disney et le groupe de médias Hearst.

Phil Robertson n'est pas la première vedette de télévision clouée au pilori après la publication de certains commentaires.

Paula Deen, la reine de «la cuisine du Sud» américaine il y a encore quelques mois à la tête d'un petit empire commercial, a connu cette année une soudaine dégringolade, perdant émissions de télévision et sponsors après des accusations de racisme.