Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Gabriel Plante au pays des géants 

Coup double cet automne pour Gabriel Plante. Le diplômé en écriture dramatique de l'École nationale de théâtre (promotion 2015) signe une adaptation d'une oeuvre de Rabelais au Théâtre Denise-Pelletier (Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel), en plus de faire la mise en scène d'une relecture contemporaine du Cid de Corneille à La Chapelle. «C'est deux propositions très différentes, souligne Plante. L'une populaire, drôle, scabreuse et épique; l'autre expérimentale, sonore et sensorielle.» 

N'empêche, comment l'auteur de 31 ans a-t-il abordé ces deux géants du répertoire? «Ça m'a confirmé de continuer dans la fiction. Alors que la vague documentaire est très forte en ce moment au théâtre, il faut croire à la pertinence de l'art point barre. L'imaginaire puise autant dans l'esthétique que dans les sujets. Par exemple, durant la Renaissance, Rabelais critiquait les dogmes et croyait profondément au progrès de la pensée, aux capacités infinies des humains. J'ai trouvé un super interlocuteur avec Rabelais.»

En 1534, celui qui nous a donné l'expression «le rire est le propre de l'homme» tisse une oeuvre gigantesque. Il invente le personnage de Gargantua, héros de notre littérature. «Avec Philippe Cyr [le metteur en scène], on s'est dit que ce personnage appelle à une convention théâtre à la hauteur. On va voir Pantagruel entrer dans la bouche pour se réfugier dans son ventre, avec une scénographie qui symbolise la démesure de cet univers», promet-il.

Avec Gabriel Plante et Philippe Cyr, nous pouvons être sûrs que leur proposition présentera des angles inattendus, afin de nous donner du plaisir gargantuesque. 

Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, jusqu'au 20 octobre au Théâtre Denise-Pelletier

Le Cid, du 10 au 19 octobre à La Chapelle.



Coup de coeur: L'art de la chute

Théâtre documentaire comique, L'art de la chute a mobilisé huit coauteurs et coautrices et cinq comédiens survoltés. L'oeuvre, qui marie art contemporain et finance, a été sacrée meilleure pièce et meilleur texte par les critiques de Québec l'an dernier, et on comprend pourquoi. D'abord, peu importe ses connaissances en finance, tout est vulgarisé, comparé, expliqué sur un ton ironique. Ensuite, les comédiens, pratiquement inconnus du grand public à Montréal, sont tous excellents. Enfin, la mise en scène de Jean-Philippe Joubert est une mécanique bien huilée avec un crescendo implacable. La deuxième partie, notamment, s'emballe et nous étourdit comme les cotes de la Bourse. 

L'art de la chute, à la Grande Licorne jusqu'au 29 septembre. La pièce sera en tournée au Québec par la suite. 

Danse: Giselle

La chorégraphe de Johannesburg Dada Masilo, qui dit que «danser, c'est prendre position», présente à Montréal Giselle, son adaptation du ballet classique de Jules Perrot. Une Giselle féministe qui parle du monde d'aujourd'hui. Percussions africaines comprises. L'artiste de réputation internationale avait déjà présenté ici son Lac des cygnes avec des danseurs en tutu.

Giselle, au Théâtre Maisonneuve jusqu'au 29 septembre.

Aussi à suivre cette semaine, L'affadissement du merveilleux de Catherine Gaudet. La jeune chorégraphe se penche, avec ses cinq interprètes, sur ce qu'elle nomme «cette histoire épique, cruelle et merveilleuse de l'humanité». 

L'affadissement du merveilleux, à l'Agora de la danse du 26 au 29 septembre.

photo Vincent Champoux, fournie par la production

L'art de la chute

Reprise: Dans le champ amoureux

En trois ans, Catherine Chabot a fait sa place parmi les dramaturges à suivre au Québec. Après Table rase en 2015, c'est au tour de sa deuxième pièce Dans le champ amoureux d'être reprise à Espace libre. Dans l'intimité, un couple se déchire sous nos yeux. Texte cru, mais juste, propos lucides, mais passionnés.

Dans le champ amoureux, à Espace libre jusqu'au 6 octobre

Relève française: Claire, Anton et eux

Pour un soir seulement au Monument-National, Claire, Anton et eux, une création avec 14 jeunes artistes issus du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. Le metteur en scène François Cervantes a créé ce spectacle en 2017 à Avignon. Il était chez nous en 2015 pour présenter Le 6e jour, un spectacle créé en 1995 qui n'a jamais cessé de tourner en France et à l'étranger avec près de 400 représentations. 

Claire, Anton et eux, au Monument-National le 27 septembre.

Photo Eva-Maude TC, fournie par Espace libre

Catherine Chabot et Francis-William Rhéaume dans la pièce Dans le champ amoureux

Aussi à l'affiche

> Neuf [titre provisoire], texte et mise en scène de Mani Soleymanlou. Au Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 20 octobre

> Once, comédie musicale d'Enda Walsh d'après le film éponyme, mise en scène de John Carney. Au Centre Segal du 7 au 28 octobre

Les fées ont soif de Denise Boucher, mise en scène de Sophie Clément. Au Rideau Vert jusqu'au 10 novembre

Golgotha Picnic de Rodrigo García, adaptation et mise en scène d'Angela Konrad. À l'Usine C jusqu'au 29 septembre

Les barbelés d'Annick Lefebvre, mise en scène d'Alexia Bürger. Au Quat'sous jusqu'au 28 septembre

Youngness, collectif, mise en scène de Phlippe Dumaine. Au théâtre La Chapelle jusqu'au 28 septembre

Oslo de J.T. Rogers, traduction de David Laurin, mise en scène d'Édith Patenaude. Chez Duceppe jusqu'au 13 octobre

Le reste vous le connaissez par le cinéma de Martin Crimp, adaptation et mise en scène de Christian Lapointe. À Espace Go jusqu'au 6 octobre

Candide ou l'optimisme de Pierre-Yves Lemieux, d'après Voltaire, mise en scène d'Alice Ronfard. Au TNM jusqu'au 6 octobre

Je cherche une maison qui vous ressemble de Marie-Christine Lê-Huu, mise en scène de Benoît Vermeulen. À la salle Fred-Barry jusqu'au 29 septembre

Photo Maxime-Robert-Lachaine, fournie par la production

Lise Roy, Sylvie Drapeau, Dominique Quesnel et Samuel Côté dans Golgotha Picnic