Chaque année, Marcelle Dubois nous vante les mérites de jeunes dramaturges invités à participer à son festival du Jamais Lu, qui propose depuis 13 ans des lectures publiques. Cette fois, c'est elle qui prend la plume avec La ville en rouge, son deuxième texte jeune public, à l'affiche de la Maison Théâtre.

Habile conteuse et dialoguiste, Marcelle Dubois parvient, avec ce road trip bien rythmé, à nous entraîner dans les aventures de cinq jeunes héros en quête de liberté.

Flé, Léo, Patty et Minus habitent à Sainte-Inertie-de-l'Énergie, petit village où rien ne se passe. Les nombreuses cartes postales de leur amie Mimi leur donnent envie de partir à la découverte d'un autre monde que le leur. D'où ce grand départ pour la ville en rouge, petit point sur une carte, dans un lieu indéfini qui pourrait être le village voisin.

Nos jeunes héros, qui ont une douzaine d'années, sauf pour Minus, 8 ans, ne sont jamais allés plus loin qu'au bout de leur rang. On comprend donc la peur qu'ils ressentent tous à l'idée de quitter leur patelin pour vivre cette aventure incertaine. Même s'il ne s'agit pas d'aller au bout de la terre. D'autant plus qu'ils le font en cachette...

Dans ce court voyage, qui a parfois des airs de «club des cinq» (sans les énigmes), ils feront aussi la rencontre d'un adolescent, Gali, qui se joindra à eux pour d'autres raisons...

Rouge comme le Che

Jusque-là, tout va bien, les jeunes spectateurs accrochent, les deux miens en tout cas. Mais les choses se gâtent lorsque le personnage de Flé, meneuse du groupe, nous parle de Che Guevera et de sa «révolution». Un parallèle boiteux avec cette expédition clandestine - qui ne change absolument pas le monde - interprétée comme une fugue par le monde adulte.

Les multiples références au révolutionnaire argentin ne font qu'alourdir cette fable autrement bien menée sur la quête identitaire de ces préadolescents. D'autant plus que Marcelle Dubois évite d'entrer en détail dans l'action politique du Che (on la comprend). Au fond, l'auteure se sert du terme «révolution» pour parler de la cavale de ses personnages. Un peu réducteur.

Cela dit, il faut saluer le travail du metteur en scène Martin Genest et du scénographe Christian Fontaine qui créent des décors numériques fabuleux grâce à des projections vraiment très chouettes, dont plusieurs plans ont été dessinés. Les marionnettes et les maquettes de Pierre Robitaille contribuent aussi de façon originale à la narration du récit.

Les multiples rebondissements de La ville en rouge sont donc en phase avec cette scénographie tout en mouvements, concentrée sur une petite pastille pivotante surmontée d'un écran. Au cours de ce road trip conté en moins d'une heure, les cinq personnages se confieront enfin directement au public sur leurs motivations. Intéressant.

À la fin, on a la tête remplie de toutes ces belles trouvailles scéniques et de cette quête de découvertes. Même abstraite. Sans changer quoi que ce soit, cette «révolution» participe à une entreprise tout aussi louable: grandir.

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À la Maison Théâtre jusqu'au 3 mai. Pour les enfants de 8 à 12 ans.