C'est l'histoire de deux soeurs obèses qui vivent en quasi réclusion dans leur demi-sous-sol. L'aînée est une véritable «patate de sofa». Elle passe ses journées à regarder la télé tout en vidant des litres de Coke. Mais son sport préféré consiste à humilier sa jeune soeur, qui cherche désespérément une issue à ce mouroir. «Tu seras toujours grosse!» lui lance sa soeur pendant qu'elle fait du vélo stationnaire.

Kathleen Fortin domine ces échanges malveillants avec Julie Lafrenière. C'est elle qui mène le bal. Ses remarques assassines donnent froid dans le dos, mais elles nous font aussi parfois crouler de rire. Bref, c'est le diable en personne!

Pendant ce temps, sa soeur se trouve une communauté d'amis sur le site morbydes.com, des freaks qui se passionnent notamment pour un tueur en série qui s'en prend à des prostituées.

Le texte de Sébastien David (Ta yeule Kathleen, En attendant Gaudreault) montre bien l'immense solitude de ces deux soeurs marginales qui ne parviennent pas à se soutenir mutuellement.

L'auteur nous donne à croire que le salut de l'une ne peut se faire qu'au détriment de l'autre. Mais à la fin, c'est le pire des scénarios qui se produit: la chute des deux filles, qui s'autodétruisent à la manière de kamikazes.

Rêves et cauchemars

Le récit s'épaissit avec l'apparition sur scène de Sébastien David lui-même, dans le rôle d'un scout qui fait partie de cette communauté des morbydes.

Exit l'univers réaliste des soeurs obèses, l'auteur nous plonge dans un monde fantastique, fait de rêves et de cauchemars. Kevyn sera à la fois la bouée de sauvetage de la jeune soeur gothique (Stéphany) et en même temps celui par qui elle se perdra. La soeur aînée subira le même sort, pétrifiée dans son canapé.

La mise en scène de Gaétan Paré (Hamlet est mort, Faire des enfants, Le moche) trace habilement les contours de ces deux mondes, tantôt réalistes, tantôt fantastiques, même si on a parfois l'impression de s'enliser dans le récit parfois surchargé de Sébastien David.

Les choix musicaux, les éclairages et les projections contribuent au spectacle de la chute de ces deux soeurs d'infortune qui auraient tant aimé exister, que ce soit dans le monde réel ou virtuel.

Malgré leur jeu parfois à la limite de la caricature, ces trois poids lourds de la solitude nous offrent des moments à la fois intenses et bouleversants, qui font mal à voir.

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Jusqu'au 22 mars au Quat'Sous.