La militante pacifiste et chanteuse folk américaine Joan Baez a regretté jeudi à Berlin que beaucoup d'artistes ne veuillent plus «prendre le risque d'écrire ou de chanter une chanson» ou de «s'opposer».

«Je ne crois pas qu'un changement social sérieux puisse avoir lieu sans la volonté de prendre un risque. Et c'est ce qui a été difficile dans les dernières décennies, trop de gens ne veulent pas prendre ce risque d'écrire ou de chanter une chanson, de s'opposer», a déclaré lors d'une conférence de presse dans la capitale allemande Joan Baez, 74 ans.

L'égérie de la «Protest Song» y recevait jeudi soir le Prix de l'Ambassadeur de la Conscience 2015 d'Amnesty International au côté du plasticien chinois Ai Weiwei, 57 ans.

Il s'agit de la plus haute distinction décernée par Amnesty, dont Joan Baez a aidé à fonder la section américaine dans les années 70. Ce prix récompense des personnes ayant défendu et amélioré la cause des droits de l'homme tout au long de leur vie, a indiqué Selmin Caliskan, secrétaire générale de la section Allemagne d'Amnesty.

«Aujourd'hui est un jour extraordinaire», a encore déclaré l'élégante septuagénaire, cheveux poivre et sel et écharpe beige autour du cou, quelques heures avant de recevoir le prix lors d'une cérémonie coanimée par la chanteuse Patti Smith, égérie du punk-rock new-yorkais.

«Je ne me considère pas comme une militante (...) Les gens comme moi sont très reconnaissant envers Amnesty International ou de vrais militants comme Joan, qui sont à un autre niveau de militantisme», a déclaré cette dernière.

«La non-violence a été la base de tout ce que j'ai fait dans ma vie», a encore dit Joan Baez, qui a épousé tous les combats contestataires des années 60 et 70, de la guerre au Vietnam au Chili de Pinochet, de l'Apartheid à la lutte pour les droits civiques.

Ouvertement critique du gouvernement chinois, Ai Weiwei est interdit de sortie du territoire et n'avait pas pu faire le voyage de Berlin.

«À travers son oeuvre, (il) nous rappelle qu'il faut protéger le droit de chaque individu à s'exprimer, dans l'intérêt de la société, mais aussi pour l'art et l'humanité», a indiqué dans un communiqué Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty.