S'il existe un concours au Canada qui lance de belles carrières musicales, c'est bien celui de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM). Parmi ses anciens lauréats, il compte Louis Lortie, Angela Hewitt, James Ehnes, Alexandre Da Costa et Karina Gauvin, pour n'en nommer que quelques-uns. Il revient cette semaine avec trois disciplines: bois, cuivres et chant. Le public peut assister gratuitement aux épreuves de demi-finale et de finale dès aujourd'hui au Tanna Schulich Hall de McGill et samedi à la Maison symphonique.

L'OSM organise des concours depuis 75 ans. Au fil des ans, ils ont porté différents noms. En 1965, le Prix Archambault, ancêtre du concours actuel, devenait le Concours OSM et s'ouvrait aux candidats de tout le Canada. Et en 2004, la firme Standard Life en est devenue le partenaire principal, greffant son nom à celui de Concours OSM.

La soprano bien connue Aline Kutan a remporté le concours il y a 21 ans. Aujourd'hui, elle chante régulièrement avec l'OSM, à l'Opéra de Montréal et dans des compagnies d'opéra à l'extérieur du Québec. Elle enseigne le chant au Conservatoire de musique de Montréal et à l'Université McGill, et a fait partie des juges d'ici qui ont effectué la sélection préliminaire de candidats. C'est elle que nous avons entendue comme soliste, l'été dernier, dans le Carmina Burana donné par l'OSM au Parc olympique.

Un tremplin

«Quand j'ai gagné en 1993, je n'avais pas vraiment de carrière, car je venais de terminer mes études, dit-elle. J'arrivais tout juste d'une tournée avec la comédie musicale The Phantom of the Opera. J'ai décidé de tenter ma chance. Après avoir remporté le concours, j'ai eu de nombreuses occasions de me faire connaître, dont un premier concert avec l'OSM sous la direction de Jacques Lacombe, qui était alors aussi jeune que moi. Par la suite, j'ai été invitée plusieurs fois par Charles Dutoit à chanter avec l'orchestre.»

Pour elle, les concours sont un tremplin important dans une carrière en musique.

«Ça donne énormément de crédibilité de gagner un concours connu, car cela veut dire que vous vous êtes démarqué de plusieurs musiciens talentueux, dit la soprano. Le prix que l'on reçoit aide à continuer la carrière, et on obtient de la visibilité. Pour le chant, c'est certain que les compagnies d'opéra regardent les candidats avec d'autres yeux. Ça ne veut pas dire que si on ne gagne pas de concours, on ne peut pas avoir de carrière, mais ça aide.»

Cette année, les lauréats des trois catégories recevront chacun une bourse de 10 000$, et le lauréat du Grand Prix, une autre bourse de 10 000$. Il se produira également en concert avec l'OSM sous la direction du chef britannique Sir Roger Norrington en avril prochain, aura droit à un enregistrement professionnel audio dans un studio de Radio-Canada et participera à différents concerts partout d'un océan à l'autre.

Vers l'avenir

Depuis l'an dernier, le Concours OSM Standard Life a un nouveau président: Pierre A. Goulet. La Presse lui a demandé comment il envisageait l'avenir de ce concours. «Ce que nous voulons, au cours des prochaines années, c'est travailler sur une meilleure accessibilité, dit-il.

«Ce serait affreux qu'un jeune musicien talentueux de Victoria ou du Manitoba ne puisse pas venir à Montréal pour des questions d'argent. On veut s'assurer que toute personne ayant le talent pour participer puisse le faire.»

Pour la première fois cette année, le concours permettra aux demi-finalistes qui ne se rendront pas en finale de faire de la musique avec des musiciens de l'OSM, en petites formations.

«On veut démythifier le travail de musicien d'orchestre et montrer à ces jeunes que même lorsque l'on ne gagne pas une compétition, on peut aussi faire une très belle carrière en musique. Quatre d'entre eux recevront une bourse de 1000$. On veut faire en sorte que même s'ils ne sont plus dans la compétition, ils aient encore quelque chose à apprendre et à faire. Et à l'avenir, on veut aller encore plus loin dans cette direction.»

________________________________________________________________________________

Les demi-finales auront lieu à la salle Schulich de l'Université McGill aujourd'hui à 9h30 (bois), demain à 10h (cuivres) et vendredi à 10h (chant). La grande finale aura lieu à la Maison symphonique samedi à partir de 10h.