Les jeunes prennent le pouvoir cette semaine à l'Orchestre métropolitain (OM). Ils composent, dirigent, chantent et jouent dans le cadre du concert Airs de jeunesse 2.0. Jeudi soir, la Maison symphonique verra naître une oeuvre composée par des finissants de l'école secondaire Pierre-Laporte sous la supervision du Montréalais Nicolas Gilbert, compositeur et écrivain.

Trois des élèves joueront même de leur instrument au sein de l'orchestre pour la création de la pièce composée en classe Pour un coup de triangle, poème symphonique à 54 mains. Cette création collective s'inspire du roman de Nicolas Gilbert publié chez Leméac en 2009, Le joueur de triangle, qui a d'abord été lu par les élèves dans le cadre de leur cours de français.

« C'est l'histoire d'un jeune percussionniste qui, pour le premier concert d'un orchestre symphonique auquel il participe, doit jouer une seule note de triangle à la toute fin d'une oeuvre d'un compositeur contemporain fictif. L'idée de base était que les élèves imaginent de quoi aurait eu l'air cette pièce qui n'existe pas «, explique Nicolas Gilbert.

Le compositeur de 33 ans, dont des oeuvres ont déjà été jouées par plus d'une vingtaine d'ensembles, dont l'OSM et l'OM, n'en était pas à ses premières armes en milieu scolaire. Il avait déjà participé à un projet pédagogique avec l'OM il y a trois ans, avec des enfants du primaire qui avaient joué une pièce de son cru pour instruments Orff et orchestre.

« Souvent, les projets jeunesse avec les orchestres sont conçus en fonction du niveau primaire, dit-il. Cette fois, nous voulions faire quelque chose avec le secondaire, d'où l'idée de cette composition collective. Ce n'est pas la première fois qu'un projet semblable est réalisé, mais nous avons poussé le concept plus loin en y intégrant une composante littéraire et en inscrivant la création de la pièce à la saison régulière de l'orchestre. «

Composition en classe

Pendant leurs cours de théorie musicale, la trentaine d'élèves de cinquième secondaire se sont séparés en cinq équipes, chacune d'entre elles devant imaginer et noter tant bien que mal sur une partition d'orchestre une minute de musique. Nicolas Gilbert, qui a rencontré les élèves une dizaine de fois sur une période de trois mois, a documenté toute la démarche sur un blogue baptisé Libres comme l'art.

« Nous avions d'abord fait un schéma graphique de la pièce en entier, et décidé en groupe du résultat qu'on voulait obtenir «, raconte Lucy Chen, 16 ans, l'une des trois élèves qui joueront dans l'orchestre, avec Geoffroy Michaud-Beaulieu, 16 ans, et Frédérique Lespérance, 17 ans. Les trois jeunes musiciens ont bien hâte d'entendre pour la première fois le fruit de leurs efforts.

Des élèves d'une autre école secondaire, Joseph-François Perreault, participent au concert en tant que choeur pour la création d'une oeuvre d'Éric Champagne, le compositeur en résidence de l'OM.

Les deux pièces de résistance de la soirée seront le Concerto pour piano de Schumann, interprété par la pianiste montréalaise Marika Bournaki, 21 ans, et la Symphonie no 8 de Dvorak. Le jeune chef Jean-Michaël Lavoie, 31 ans, dirigera l'orchestre. On entendra également Carmen Fantasie, pièce pour violon et orchestre de Franz Waxman sur des thèmes de Bizet, avec Kerson Leong, 15 ans, au violon.

Airs de jeunesse 2.0, 23 avril, 19h30, église Saint-Sixte (Saint-Laurent) ; 25 avril, 19h30, Maison symphonique ; 27 avril, 20 h, cégep Marie-Victorin (Rivière-des-Prairies).