Le Cirque Éloize participait le 7 septembre à l'inauguration de la Maison symphonique par l'OSM - dehors, en face de la salle et devant les caméras de télévision. Tel un abonné, Éloize était encore là lundi soir, cette fois à l'intérieur et sur la même scène que les musiciens, pour le dernier concert de la première saison de l'orchestre dans sa nouvelle résidence.

J'aime beaucoup le Cirque Éloize, véritable merveille découverte à Lanaudière il y a quelques années. Mais je ne vois pas pourquoi il fallait l'inviter au début et à la fin d'une même saison. Un tel traitement serait accordé à un pianiste, une chanteuse, qu'on parlerait, avec raison, de favoritisme.

Kent Nagano avait d'ailleurs monté pour l'occasion un programme très inhabituel juxtaposant le premier Concerto pour violon de Chostakovitch et Daphnis et Chloé, partition de ballet de Ravel assortie cette fois d'une chorégraphie funambulesque. La soirée débutait par les allocutions d'usage et l'ouverture Le Corsaire de Berlioz.

La nouveauté, c'était, bien sûr, le Daphnis et Chloé du Cirque Éloize. Il n'était pas toujours facile d'établir un lien réel entre les bribes de scénario imprimées dans le programme et ce qui se déroulait sur la scène et dans les airs. J'ai vite renoncé à comprendre. Le spectacle comme tel était pleinement satisfaisant, certains des neuf acrobates exécutant des prouesses stupéfiantes, à couper le souffle. Ainsi, Myriam Deraiche en Chloé pivotant gracieusement dans un cerceau suspendu au-dessus de la tête de Daphnis, et Ugo Laffolay en Dorcon allongeant interminablement ses muscles la tête renversée.

Au surplus, le jeu de l'orchestre, les murmures occasionnels du choeur, les mouvements des corps, le fonctionnement de l'équipement scénique et les effets d'éclairage: autant d'éléments qui s'imbriquaient avec une synchronisation absolument parfaite.

Nagano avait choisi Daphnis et Chloé pour souligner le centenaire de cette oeuvre qui, en 1980 avec Dutoit, marqua l'entrée de l'OSM sur le marché international du disque. Jouée dans son intégralité (55 minutes), elle prenait dans la nouvelle acoustique une dimension qu'on ne lui connaissait pas. Même remarque sur le spectaculaire Berlioz d'entrée.

Jouant de mémoire, le jeune Andrew Wan, 28 ans, co-violon-solo de l'OSM, traversa les 38 minutes du  très difficile Chostakovitch avec une assurance et une exactitude absolues, et ce jusque dans la terrifiante cadence qui débouche sur le Burlesque marquant la rentrée finale de tout l'orchestre. Le côté tour à tour méditatif et sauvage de l'oeuvre lui échappe encore, ce qui est normal.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Andrew Wan, violoniste, Cirque Éloize et Choeur de l'OSM (dir. Andrew Megill). Lundi soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme:

Le Corsaire, ouverture de concert, op. 21 (1855) - Berlioz

Concerto pour violon et orchestre no 1, en la mineur, op. 77 (ex-op.99) (1955) - Chostakovitch

Daphnis et Chloé, partition de ballet (1912) - Ravel