La Grande messe des morts sera présentée ce soir pour lancer la 76e saison de l'OSM. Ouvrir l'année avec une oeuvre qui évoque la guerre, la destruction et la mort peut sembler inattendu. Mais pour le maestro Kent Nagano, le Requiem de Berlioz est avant tout une pièce brûlante d'actualité.

Rencontré sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier ce week-end, quelques minutes après une répétition, Kent Nagano s'impose immédiatement comme un personnage réfléchi. À chaque question, le chef d'orchestre précise longuement sa pensée et marque ses idées par de longs silences.

Nul doute qu'il sélectionne sa programmation avec la même minutie. Au-delà du coup d'éclat que représente le choix d'une pièce comme le Requiem de Berlioz pour amorcer une saison, ses choix de répertoire sont avant tout dictés par la résonance qu'ils trouveront au sein du public.

«Les thèmes explorés par Berlioz en font une pièce terriblement contemporaine», a expliqué d'entrée de jeu le directeur musical de l'OSM au sujet de la pièce composée en 1837.

«Nous vivons à une époque où l'avenir économique est incertain. Le monde est si complexe que les gens parviennent difficilement à l'expliquer et encore moins à trouver des solutions pour apaiser les tensions internationales. Les sons créés par Berlioz reflètent cet état. Ils nous transportent dans un univers inconnu où l'on n'est pas certain de l'harmonie ou du rythme dans lesquels nous nous trouvons. À certains moments, le choeur pousse des exclamations d'agonie et de souffrance humaine qui représentent ce que l'on peut lire tous les matins dans les journaux.»

Le Requiem de Berlioz est une pièce lugubre mais puissante. Dans ses écrits, Hector Berlioz précise que jusqu'à 800 musiciens et chanteurs devraient exécuter son oeuvre.

Afin de faire honneur à la force de cette pièce, l'OSM a embauché une quinzaine de musiciens supplémentaires (pour un total de 107 instrumentistes) et sera accompagné d'un choeur d'environ 145 chanteurs (voir autre texte). La prestation mettra également en vedette le ténor canadien Michael Schade.

«C'est important de ne pas être prévisible. Si les gens ressentent ce qui va se passer, ce n'est pas un bon environnement pour créer une expérience artistique», a affirmé le maestro.

Une culture «inspirante»

Lorsqu'il est arrivé en poste, il y a quatre ans, Kent Nagano s'était lancé le pari d'apprendre à connaître les caractéristiques culturelles et sociales du Québec avant de déterminer l'orientation précise de l'OSM. Aujourd'hui, il admet que plus il en apprend sur la Belle Province, plus il a l'impression de ne «rien savoir».

«Les quatre dernières années ont été une expérience d'apprentissage incroyable. Je n'ai pas la prétention de dire que je comprends tout. Mais pour moi, il est clair que la culture québécoise est profondément inspirante. La dynamique entre la beauté des grands espaces, le cycle des saisons, la façon dont la ville est construite, les valeurs humanistes, le sentiment d'identité et le goût du raffinement rend l'endroit unique, électrique même.»

Le chef d'orchestre s'est dit privilégié de jouer devant des salles combles en 2009.

«Je pense qu'en écoutant l'orchestre aujourd'hui, on peut percevoir une subtile mais réelle évolution au sein de l'ensemble. Nous avons travaillé pour chercher une vision artistique commune. En tant qu'ensemble, notre façon de respirer, de penser et les sons que nous créons sont très, très différents. Et je crois que notre relation avec notre public y est pour beaucoup.»

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La Grande messe des morts de Berlioz sera présentée les 8, 9 et 13 septembre à la Place des Arts. Information: www.osm.ca