Triple événement à l'Orchestre Métropolitain lundi soir. La formation de 66 musiciens retournait dans cette salle Wilfrid-Pelletier qui, imparfaite mais supérieure à Maisonneuve, lui confère une vraie sonorité d'orchestre. Le concert était dirigé par un chef invité, le Danois Thomas Sondergard, 40 ans, en l'absence du titulaire Yannick Nézet-Séguin. Le programme était consacré à Sibelius, le compositeur national de la Finlande.

Compositeur scandinave, chef scandinave: il était normal que la rencontre donne de bons résultats et c'est ce qui s'est produit. M. Sondergard avait manifestement fait travailler les timbres, principalement ces deux aspects si importants de la couleur sibélienne que sont la luminosité des bois et la massivité des cuivres. Sur cette toile de fond évoquant les vastes paysages nordiques, il put greffer une interprétation tour à tour légère, sombre et dramatique de cette première Symphonie d'un musicien pourtant âgé de plus de 30 ans (en passant, la discographie de l'OM portait sur la deuxième Symphonie).

La même atmosphère habitait les Scènes historiques qui ouvraient le concert - en fait, la première des deux séries, de trois tableaux chacune, que Sibelius a laissées sous ce titre. Ces pages contemporaines de la première Symphonie sont moins originales que celle-ci mais méritent d'être jouées à l'occasion.

Le Concerto pour violon, qui suivait, est l'une des partitions majeures du répertoire concertant de cet instrument, au plan technique et au plan expressif. La jeune Caroline Chéhadé, Prix d'Europe 2007, a traversé cette exigeante demi-heure de musique sans trop de problèmes. D'accord, elle a trébuché sur le fameux saut de trois octaves qui ouvre la deuxième cadence du premier mouvement, écrasant et le si bémol grave et le si bémol aigu. Mais rares sont les violonistes qui ne perdent pas quelques plumes sur ce passage périlleux. L'ensemble de son Sibelius fut tout à fait acceptable: joué de mémoire et joué juste la plupart du temps, dans une bonne sonorité et avec une certaine musicalité.

Le chef l'a suivie avec une attention continuelle tout en obtenant de l'orchestre, là encore, une vraie sonorité sibélienne. Une forte délégation du programme «Jeunes mélomanes en devenir» était présente, ce qui explique peut-être ces applaudissements après chacun des mouvements, dans les trois oeuvres. Au lieu de saisir l'occasion et faire un peu d'«initiation aux habitudes du concert», le chef invité s'est retourné chaque fois en souriant.

Le Métropolitain suit une regrettable décision prise par l'OSM: il joue, lui aussi, dans l'obscurité. Dans ces conditions, impossible de consulter son programme pour une précision qui accompagnerait l'audition active. De toute évidence, on préfère un auditoire qui écoute passivement.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef invité: Thomas Sondergard. Soliste: Caroline Chéhadé, violoniste. Lundi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. (Reprises: 8 mai, 20h, église Marie-Reine-de-la-Paix, Pierrefonds; 10 mai, 16h, théâtre Mirella et Lino Saputo, Saint-Léonard.) Programme consacré à Jean Sibelius (1865-1957): Scènes historiques, première série, op. 25 (1899, rév. 1911) Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 47 (1903-05) Symphonie no 1, en mi mineur, op. 39 (1898-99).