Viens avec moi, c'est le titre d'un opéra rock créé par le groupe acadien Les Hôtesses d'Hilaire. Un projet fou de 19 chansons qui ont d'abord été enregistrées le printemps dernier et que le groupe transportera sur la scène du Club Soda à l'ouverture de Coup de coeur francophone, le 1er novembre. Nous en avons discuté avec le charismatique leader des Hôtesses, Serge Brideau.

Quelle est l'histoire de Viens avec moi?

Ça raconte les destins de Kevin et de Serge, deux chanteurs originaires de Tracadie. Kevin gagne une téléréalité et devient vite populaire, mais il ne gère pas bien le vedettariat et finit par lâcher ce monde pour devenir le chanteur des Hôtesses d'Hilaire. C'est que Serge Brideau, le chanteur du groupe qui connaît une lente ascension, a lâché le band parce qu'il a de plus grandes ambitions. Il tombe dans la drogue dure et l'alcool et il finit par devenir coach à l'émission Pousse ta note, qui est une parodie de La voix.

C'est une pièce sur le vedettariat?

C'est un des thèmes principaux, mais c'est aussi sur la fine ligne entre l'art et le divertissement. Je sais que les gens pensent à Wilfred LeBouthillier quand ils entendent parler du synopsis. On vient de la même place, lui et moi, on est allés à l'école ensemble et j'ai du respect pour lui. La pièce porte plus sur les chemins que les gens prennent pour avoir du succès. Ce n'est pas un jugement de valeur sur les passagers, mais sur le véhicule. Surtout que, dans l'histoire, Kevin est plus un héros que Serge. Il embarque dans quelque chose naïvement, alors que Serge, lui, il veut vraiment l'avoir, le stardom et il est prêt à sacrifier son band pour atteindre son but ultime.

Il y aura 14 personnes sur scène. Qui sont-elles?

Je joue une version de Serge Brideau, le comédien Robin-Joël Cool incarne Kevin, Anna Frances Meyer, des Deuxluxes, joue la productrice machiavélique Julia et Diane Losier, la plus grande comédienne d'Acadie, est la narratrice Glenda. Les Hay Babies sont les choristes et des personnages en soi, et Les Hôtesses sont aussi un personnage. Et pour appuyer toute cette musique, il y a Mathieu Pelgag et Jonathan Bigras, de Galaxie. On a travaillé avec les metteurs en scène du Théâtre du futur, qui ont bien compris notre univers décalé. C'est bien ficelé comme show. 

Nous sommes dans une période où les artistes tournent en solo ou en formule réduite, alors que vous faites plutôt dans la démesure. Pourquoi?

Je ne veux pas enlever la magie derrière ça, mais c'est vraiment de la chance. C'est sûr que ça prend des sous. On a signé avec L-Abe (Let Artists Be), le label de Louis-Armand Bombardier, et il croit beaucoup au projet. Ce label porte bien son nom : chaque fois qu'on a une idée de grandeur, il nous suit. On aspire à beaucoup parce qu'on n'aime pas se répéter, et il y a quelqu'un qui nous donne les outils et qui dit : vas-y, va au bout de ton idée. En 2018, dans l'écosystème de la musique où on est tous pauvres et qu'on en arrache, c'est particulier. Je n'en reviens pas que ça va se faire.

Opéra rock va souvent de pair avec rock progressif... Est-ce que c'est du prog?

C'est du rock prog psychédélique. Musicalement, c'est la meilleure affaire qu'on a jamais écrite. Je suis assez fier de faire partie de ce band-là! C'est pour ça qu'on est encore ensemble, on est dans l'admiration et le respect les uns envers les autres.

Vous allez jouer le spectacle ailleurs qu'à Montréal?

Nous avons cinq dates: Montréal, Québec, Moncton, Edmundston et Caraquet. C'est le premier round, en espérant que les gens aiment ça et qu'il y ait une suite. Mais ç'aura été toute une aventure.

Vous êtes contents de présenter votre spectacle dans le cadre de Coup de coeur francophone?

Oui, surtout qu'on fait l'ouverture. Pour un groupe comme nous, qui ne sommes pas des superstars, c'est un bel honneur. C'est un beau festival, Coup de coeur francophone. Ils viennent souvent par chez nous. En fait, c'est un festival qui va partout, de Whitehorse à Caraquet. Ça permet à la musique francophone de se promener, et je trouve ça beau. Elle est belle, la francophonie canadienne.

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Viens avec moi, un opéra rock des Hôtesses d'Hilaire, le 1er novembre au Club Soda.