Boz Scaggs, qui fait partie avec Van Morrison ou Robert Palmer des grandes voix blanches de la musique noire, publie un nouveau disque, Memphis (429 Records), où il démontre entre soul, blues et rock'n roll qu'il n'a rien perdu de sa superbe à 68 ans.

Pour ce disque enregistré à Memphis, la «Mecque» de la soul sudiste, avec orchestre à cordes et cuivres, Boz Scaggs, ex-complice de Steve Miller dans les années 60, a sollicité quelques musiciens légendaires.

Spooner Oldham, qui participa, entre autres, à quatre disques d'Aretha Franklin dans les années 60 avant de faire carrière à Nashville, joue du piano électrique Wurlitzer sur cinq chansons, Charles Hodges, musicien de Al Green dans les années 70, de l'orgue sur la moitié des titres, et Charlie Musselwhite pointe le bout de son harmonica sur une chanson.

Les reprises vont de Al Green, le roi de la soul de Memphis à Tony Joe White, de Willy Deville à Steely Dan (Pearl of the Quarter). Boz Scaggs prouve aussi ses talents d'auteur sur les chansons qui ouvrent et ferment un disque à la fois authentique et sophistiqué.

Boz Scaggs a débuté à la fin des années 50, avec Steve Miller, rencontré au lycée au Texas, qu'il rejoindra dans le Steve Miller Band à la fin de la décennie suivante. Depuis, il a promené sa voix chaude, sensuelle et nuancée au gré d'une vingtaine de disques entre pop californienne, soul, blues et même jazz. Quelques-uns sont considérés comme des classiques, comme Boz Scaggs (1969), enregistré dans les célèbres studios Muscle Shoals en Alabama, et Silk Degrees (1976), un bijou de pop soul californienne, enregistré avec les futurs musiciens de Toto.

Après s'être éclipsé dans les années 80 et 90, il est revenu sur le devant de la scène en 1997 avec le disque Come On Home, un vibrant hommage, déjà, aux musiques du «deep south», blues, rythm'n blues, soul music, gospel. Il y reprenait des compositions de quelques-uns de ses héros: T-Bone Walker, David Porter, Sonny Boy Williamson, Dave Bartholomew.