Il chantait à l'époque dans le groupe les Frères Cheminots. Il joue aujourd'hui de la batterie pour les Dales Hawerchuk et pour Galaxie. Voilà que Pierre Fortin vient de lancer son premier album solo, Mécanique d'hiver, où le rockeur y va tout en douceur et en introspection au lieu de se défouler en appuyant bien fort sur la pédale.

«Ça fait quelques années que je compose des trucs. J'avais des maquettes chez nous», raconte Pierre Fortin, qui se dévoile sous un jour musical plus sensible avec son premier album solo au titre de circonstance, Mécanique d'hiver.

Le batteur de Galaxie et des Dales Hawerchuk avait plusieurs chansons en banque. Contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre de lui, Fortin a écarté celles qui donnaient dans le «rock abrasif» au profit de morceaux plus doux et vaporeux. Quand est venu le temps de faire un tri, il a demandé conseil à son ami et complice Olivier Langevin. «Il m'a dit: ce serait l'fun d'aller ailleurs.»

Pour Pierre Fortin, c'était les paroles à entendre pour se faire convaincre. «Mes chansons étaient tellement personnelles dans le propos. Il fallait que quelqu'un m'illumine.» Après sept ans de disques rock, Pierre Fortin n'avait pas envie de faire un album pastiche de Galaxie ou des Dales Hawerchuk. «J'ai écouté beaucoup de trucs smooth... Leonard Cohen, Sea Change de Beck (auquel Mécanique d'hiver fait beaucoup penser). Qu'est-ce que tu veux, je vieillis!»

Le chanteur avait le sentiment de «se jeter dans le vide» en mettant la pédale douce pour son premier album solo, mais c'était ce qui l'inspirait. «Les mélodies, ça met une ambiance. C'est chill.»

Plein les oreilles

Douceur n'est pas synonyme de dépouillement pour autant. Les couches sonores se multiplient dans les chansons de Mécanique d'hiver, bricolées et arrangées en studio avec Langevin. Guitares folk, effets électroacoustiques, effluves de blues et d'americana, lap-steel planant, superpositions de beats, harmonies vocales lumineuses, le tout avec la touche subtile de «fuzz» de Langevin: l'auditeur en a plein les oreilles. «Je ne voulais pas que ça sonne trash et garage. Je voulais que ce soit soigné, que ce soit beau.»

Les pièces ont de l'espace, la voix de Fortin étant parfois en écho, si bien que Mécanique d'hiver suscite à la fois l'introspection et l'évasion. Avec son timbre de voix grave, Fortin chante d'un débit lent et mélodieux.

Invité récemment sur le plateau de Studio 12 - émission qui disparaîtra malheureusement des ondes -, Pierre Fortin ne savait pas trop comment livrer son nouveau matériel. «Olivier m'a dit: «La toune parle d'elle-même.» Ça n'aurait aucun rapport que je crie. Mes textes sont simples, j'ai juste à les livrer naturellement.»

Sur la pièce Dans ma tête, Fortin chante: «Dans ma tête a joué beaucoup de chansons heavy/Dans mon coeur, rempli de ballades (...) Je me fous vraiment de c'qui passe en moi/Dans le délire, autant que tu danses avec moi.»

Pierre Fortin se surprend-il lui-même avec son premier album solo? «Il y a la vie qui vient avec les chansons. À 32 ans, tu ne penses pas aux mêmes affaires qu'à 20 ans. T'as des remises en question, tes parents vieillissent... Je n'ai pas fait les chansons en pensant faire un album. Je ne savais pas ce qui allait ressortir.»

Pierre Fortin est fier d'en arriver à un résultat aussi personnel. «Avec les Frères Cheminots, je faisais des tounes de party et je parlais au nom du band», signale-t-il. N'ayez crainte, «le rockeur est toujours là», assure Fortin. «Ça fait trois disques de party que je fais, j'avais juste le goût de faire autre chose.»

Et c'est très réussi.

FOLK-ROCK

Pierre Fortin

Mécanique d'hiver

C4

Mécanique d'hiver, de Pierre Fortin