Grosse soirée pour les presque 11 000 spectateurs réunis hier soir au Centre Bell: non seulement le groupe américain Foo Fighters revenait en ville après une longue absence, mais son concert était précédé de ceux de l'excellent groupe punk torontois Fucked Up et, plus rare encore que la bande à Dave Grohl, celui des vétérans montréalais The Doughboys, qui ne s'étaient pas retrouvés en tournée depuis presque 15 ans!

Dès 19h, les lauréats du prix Polaris 2009, Fucked Up, ont chargé les amplis, et ce, moins de deux semaines après leur concert à Osheaga, histoire de présenter de nouveau les nouvelles chansons de leur ambitieux et succulent récent album, David Comes to Life. Mais pour tout vous dire, puisque nous n'avions pas loupé l'occasion de les entendre sous les arbres au parc Jean-Drapeau, pour nous, le clou de la soirée était cette tournée-réunion des Doughboys de notre adolescence.

Avant la vague grunge, le rock alternatif anglo-montréalais avait un nom: Doughboys, des types certes plus sales que l'autre Montréalais David Usher, mais qui produisaient un rock teinté de punk et de hardcore aux refrains accrocheurs de loin supérieur à celui de Moist (désolé, mesdames).

Fondé en 1987 par John Kastner, le groupe recruta un guitariste torontois du nom de Jonathan Cummins, devenu depuis une figure incontournable de la scène rock d'ici. Les Doughboys ont eu le temps d'accoucher de cinq albums et d'une poignée de chansons marquantes, qu'ils ont offertes de nouveau, avec au moins une inédite annonçant un nouvel album.

Bref, c'est avec un plaisir évident que le quatuor a retrouvé le public montréalais, le temps d'enfiler 10 exaltantes et cacophoniques chansons. Tout croche, comme dans le bon vieux temps, mais plein de bons sentiments et de guitares tonitruantes, étouffant la voix de Kastner. Le groupe a terminé ça avec son plus grand succès, l'indémodable Shine, en signe d'au revoir et à bientôt. À les voir se démener sur scène, ces rockeurs auraient des leçons à donner à leurs contemporains. On a hâte d'entendre la suite de cette réunion inespérée.

Puis, à 21h tapantes, Foo Fighters a pris le contrôle de la scène et du bouton de volume, qu'ils ont allègrement poussé jusqu'à 11, pour reprendre le cliché de Spinal Tap. Ça n'a pas traîné: Bridge Burning et Rope, du nouvel album Wasting Light, ont donné le ton. Dans le tapis, guitares à l'avenant, avec Dave Grohl qui donne à lui seul le spectacle - il faut dire que ses cinq autres comparses ne sont pas d'aussi imposantes bêtes de scène, se contentant d'abattre leur boulot sans faire trop de flammèches.

Quand les Fighters nous ont vissé The Pretender dans les oreilles, on a senti les cheveux se dresser sur la tête des spectateurs, et le succès My Hero (du deuxième album, The Colour and the Shape, 1998) a scellé le sort de cette soirée. «It's gonna be a long night!», a éructé l'ex-Nirvana, qui avait déjà couru la patinoire sur le sens de la largeur, empruntant l'allée dégagée à cet effet pour se rendre jusqu'à la petite scène au fond, derrière la console.

C'était déjà massif et déchaîné, et le groupe allait garder le meilleur pour la fin. Que, heure de tombée oblige, nous avons dû manquer, mais si le plan de match était respecté, les fans se seraient gavés des Skins and Bone, This is a Call, All My Life, puis d'un petit segment acoustique au rappel pour alléger les tympans, avant les dernières salves. Ça nous coûtait de louper la finale de ce retour en grande pompe!